2.Introduction générale

L’alimentation est certainement la problématique la plus partagée par les êtres vivants sur Terre. Elle est la préoccupation majeure de tous les êtres humains, au quotidien, pour assurer leur survie, leur santé, leur bien-être et leur plaisir. Se nourrir est un besoin naturel, mais, dans nos sociétés, il n’est ni anodin, ni simple à satisfaire. En effet, derrière la production et la consommation d’aliments bruts ou transformés se cachent des systèmes agricoles, environnementaux, économiques, sociaux, culturels et politiques, qui sont complexes et fortement inégalitaires. Selon les pays, les régions, les localités, les quartiers, les foyers et même les individus, l’alimentation peut être synonyme de sous-nutrition, malnutrition, famine, carence, pauvreté, injustice, détresse, pénurie, surconsommation, gaspillage, richesse, confort, partage, égoïsme, solidarité, santé, maladie, pression, risque, tension, conflit, migration… Elle est au cœur de nos organisations mondiales et locales, et détermine notre présent et notre futur.

Nos systèmes alimentaires et agricoles, de la graine plantée à la bouche, sont fragiles à tous les niveaux, et ce en permanence, même dans les pays les plus riches. Les raisons de cette fragilité sont les suivantes :

  • La robustesse des systèmes est conditionnée par la production agricole, l’organisation sociale, la météo, le climat, la quantité, la qualité, le transport, la transformation des produits, la commercialisation, les régimes alimentaires, la concurrence, les crises économiques et politiques… Ces facteurs évoluent en fonction des contextes, des situations, des choix et des impondérables ;
  • L’agriculture intensive, avec tous ses travers (appauvrissement des sols, utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, mécanisation à outrance, mondialisation des échanges, monoculture, recours aux organismes génétiquement modifiés, etc.) altère la santé des êtres vivants, pollue et détruit les écosystèmes agricoles et naturels, provoque une perte de qualité, de saveurs, de goûts, de repères culturels… ;
  • Le changement global (déforestation, modification de l’occupation des sols, pollutions, érosion de la biodiversité…) représente une lourde menace susceptible de déstabiliser sur le long terme nos chaînes de production alimentaire et agricole. Plus spécifiquement, le changement climatique d’origine anthropique, provoqué par les émissions massives de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, et l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes (sécheresses, vagues de chaleur, pluies diluviennes, gels tardifs…), combinés aux mutations de nos pratiques alimentaires et agricoles, notamment dans les pays les plus industrialisés, font peser des risques croissants sur nos sociétés ;
  • Le surpoids et l’obésité se généralisent et s’amplifient, même dans des pays présentant un niveau de vie modeste, au même titre que les maladies cardiovasculaires, les allergies alimentaires, les cancers…

De manière générale, les enjeux sanitaires et écologiques liés à l’alimentation et l’agriculture sont majeurs. Ils doivent être appréhendés dans leur globalité, de manière transversale, pour éviter des conséquences dramatiques et irréversibles.

Le contexte alimentaire et agricole en France, et plus particulièrement dans notre région Provence-Alpes-Côte d’Azur, est très contrasté. Les besoins alimentaires sont assurés pour la majorité de la population, mais les inégalités sociales sont très marquées mettant en évidence des cas de détresse, et les contradictions sont nombreuses. Par exemple, la qualité de nos produits emblématiques (vin, huile d’olive, fromages, céréales, riz, fruits, légumes, truffes, plantes à parfums et aromatiques…) est reconnue et recherchée, mais nos agriculteurs rencontrent de grandes difficultés économiques et sociales pour vivre décemment ; l’agriculture biologique représente une part significative de notre production agricole régionale (32 %), et nos pratiques agricoles s’éloignent peu à peu des pratiques intensives, mais l’utilisation des pesticides résiste et continue à empoisonner nos écosystèmes et à nous intoxiquer ; pour des raisons essentiellement économiques et logistiques, les productions régionales sont exportées massivement vers d’autres régions et pays, alors que l’autosuffisance alimentaire locale reste très nettement insuffisante. Notre dépendance des systèmes agricoles et alimentaires, et plus largement de la mondialisation, est ainsi manifeste, alors que nous avons les moyens de partiellement nourrir nos habitants. En outre, nos régimes alimentaires se sont peu à peu éloignés de la diète méditerranéenne si favorable à la santé. En effet, nos habitudes alimentaires ont tendance à s’uniformiser et s’inspirent de pratiques en inadéquation avec la préservation de notre santé, de nos agroécosystèmes, du climat, de la biodiversité…

Pour faire un point sur la situation en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et apporter des pistes d’adaptation au changement climatique et d’atténuation des émissions de GES, 46 spécialistes de l’alimentation et de l’agriculture se sont mobilisés pour participer à cette publication du GREC-SUD. L’objectif est de contribuer aux efforts des institutions, collectivités, associations, coopératives, entreprises, agriculteurs, etc. engagés dans l’amélioration des pratiques, mais aussi d’inspirer les acteurs territoriaux pour rendre les systèmes alimentaires et agricoles plus durables et résilients aujourd’hui et demain, en sécurisant les ressources alimentaires, en proposant une nourriture plus saine et en répondant aux besoins d’une population grandissante. Les enjeux sanitaires et écologiques liés à l’alimentation et l’agriculture sont majeurs. Ils doivent être appréhendés dans leur globalité et de manière transversale.

Les enjeux sanitaires et écologiques liés à l’alimentation et l’agriculture sont majeurs. Ils doivent être appréhendés dans leur globalité et de manière transversale.

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