Par L. GARDE et S. VIEUX
Les systèmes d’élevage méditerranéens et montagnards sont très largement déployés sur les espaces naturels pour l’alimentation de leurs troupeaux. Alpages, forêts, landes, marais et pelouses sèches fournissent ainsi 30% (pour l’élevage de haute montagne soumis à une longue période hivernale à l’intérieur) à 80% de l’alimentation annuelle des ovins, bovins et caprins.
Les milieux ouverts sont très sensibles aux effets du climat, du fait d’une faible réserve en eau du sol et d’une grande exposition au soleil et au vent. A l’inverse, landes et bois tamponnent les rigueurs du climat, d’une part parce que l’ombre prolonge l’appétence de l’herbe, d’autre part parce que les ligneux sont consommés par les animaux. La valorisation d’une grande diversité de milieux par les animaux et la mobilité de l’élevage (transhumance estivale et hivernale) sont donc des facteurs d’adaptation à la grande variabilité du climat et un atout pour l’adaptation au changement climatique. L’autre facteur d’adaptation au risque climatique est l’irrigation des surfaces de fauche permettant de sécuriser le stock hivernal.
Le changement climatique régional représente déjà un accroissement de température annuel de 1,5°C en 30 ans. Ce réchauffement, appelé à s’accentuer, devrait avoir des effets positifs (allongement de la durée de pâturage) et négatifs (baisse de la réserve en eau des sols) pour les troupeaux. Il devrait aussi se traduire par des accidents climatiques de plus en plus marqués. Enfin, le changement climatique pourrait impacter fortement les écosystèmes herbacés, sans que l’on sache encore si l’on assistera à une remontée des étages de végétation (« méditerranéisation ») ou à une série de ruptures affectant les espèces spécialisées (banalisation).
Un observatoire de ces changements a été mis en place à l’échelle des alpages de l’arc alpin, le réseau Alpages sentinelles. Il s’agit également d’un laboratoire de gouvernance partagée face à une menace pesant sur des écosystèmes remarquables qui sont aussi des espaces de production pour l’élevage régional.