Les forêts de montagne de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans leur composition et leurs structures actuelles, sont en partie menacées. Plusieurs espèces parmi les plus importantes sont en souffrance. Des dépérissements sont observés pour le sapin sur les versants chauds et au-dessous de 1400 m d’altitude. Le chêne blanc montre de façon générale une mortalité forte des branches et de fortes pertes de croissance. En 2017, une étude sur le pin sylvestre donne un taux moyen de défoliation proche de 50 % et un effondrement de la croissance moyenne sur les 15 dernières années. Pour toutes ces espèces, la mortalité d’arbres est deux à quatre fois supérieure à la normale jusqu’à 1400 m. L’étude de l’architecture des houppiers et la lecture des cernes de croissance montrent que l’état de santé de ces forêts s’est significativement dégradé dès la fin des années 90. Ce dernier avait auparavant subi deux crises récentes, suite aux sécheresses de 1989 et 1990, et entre celles de 1979 et 1982, mais les arbres avaient rapidement retrouvé leur croissance habituelle. Les crises plus anciennes, même violentes, n’avaient pas empêché la productivité de ces forêts qui ont significativement progressé au XXème siècle, tout particulièrement entre 1950 et 1980. Nous observons actuellement un retournement complet de tendance, indiquant un danger imminent. Le pin noir, qui avait résisté jusqu’à 2010 environ, commence aussi à montrer des signes inquiétants d’affaiblissement.
Pour chaque espèce, ces résultats peuvent être modulés par la topographie, l’exposition des versants, l’altitude et la qualité du sol, mais aucun de ces facteurs, contrairement aux décennies précédentes, n’est suffisant pour compenser totalement la dérive climatique et ses extrêmes. À ces contraintes propres à chaque espèce s’ajoute une pression croissante généralisée des maladies et parasites comme le gui, la chenille processionnaire ou certains insectes xylophages et champignons pathogènes. Thermophiles notoires, ils gagnent chaque année de nouveaux territoires et se développement en altitude. Leurs attaques deviennent plus virulentes et leurs populations plus nombreuses.
Les recherches en France, corroborées par la littérature scientifique et technique internationale, indique que le bilan en eau est le facteur clé. Les éclaircies qui diminuent la concurrence entre les arbres, et entre les arbres et le sous-bois, sont le moyen le plus efficace pour limiter la souffrance et la mortalité des arbres lors des épisodes de sécheresse, préserver leur croissance et favoriser leur résilience après les crises. Par ailleurs, les arbres âgés sont plus sensibles : moins résistants et moins résilients. Rajeunir les forêts est donc aussi un élément important pour préserver les espèces actuellement en place. Éclaircir et rajeunir les forêts a l’avantage de combiner plusieurs atouts :
« Le chêne blanc montre de façon générale une mortalité forte des branches et de fortes pertes de croissance. En 2017, une étude sur le pin sylvestre donne un taux moyen de défoliation proche de 50 % et un effondrement de la croissance moyenne sur les 15 dernières années »
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