4.Le chauffage au bois et la qualité de l’air dans les vallées alpines

Certaines vallées alpines sont caractérisées par une forte pollution atmosphérique du fait de la concentration spatiale des activités humaines et de conditions atmosphériques spécifiques favorisant l’accumulation des polluants. Avec un bilan carbone considéré comme faible, le chauffage au bois (Photo 10) a cependant un impact négatif sur la qualité de l’air.

Comme tout type de combustion, cette source d’énergie émet de nombreux polluants gazeux dans l’atmosphère (composés organiques volatils, monoxyde de carbone, etc.), mais également des particules constituées de composés toxiques tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques dont certains sont classés comme probables ou possibles cancérogènes.

Photo 10. Chauffage au bois, village d’Entraigues

Les vallées encaissées des Alpes du Nord sont particulièrement exposées à cette source de pollution et notamment la vallée de l’Arve où un plan de protection de l’atmosphère a été mis en place en 2012. Grâce au projet DÉconvolution de la contribution de la COMbustion de la BIOmasse aux PM10 (DECOMBIO) dans la vallée de l’Arve, l’impact majoritaire du chauffage au bois résidentiel a été quantifié avec précision suite à une année complète de mesures de la composition chimique fine des particules (PM10) sur trois sites de cette vallée (Marnaz, Passy et Chamonix) et à l’utilisation du modèle Positive Matrix Factorization.

En période hivernale, la contribution moyenne du chauffage au bois a atteint 73 % de la masse des PM10 sur le site de Passy, tandis que la fraction des émissions véhiculaires ne dépassait pas 10 % (Figure 14).

« L’utilisation d’un bois propre et sec et le renouvellement des dispositifs de chauffage au bois les moins performants permettent de limiter significativement les émissions de polluants. Le remplacement des vieilles installations de combustion offre de bien meilleurs rendements en limitant significativement les émissions de polluants »

Figure 14. Contributions relatives en moyennes hivernales des sources de PM10 au niveau des trois sites de la vallée de l’Arve (Chevrier, 2016)

Dans les Alpes du Sud, peu d’études et d’actions menées pour améliorer la qualité de l’air ont été réalisées en raison d’une problématique moins importante (vallées moins encaissées et peu de dépassements des seuils réglementaires), mais réelle. Entre 2010 et 2012, une étude a été menée à Gap par Air PACA. Suite à la spéciation chimique des PM10, une approche mono-traceur a été utilisée pour estimer la contribution de plusieurs sources de particules dont la combustion de la biomasse qui représente environ 50 % des PM10 en moyenne hivernale à Gap (Figure 15).

Figure 15. Estimation des contributions de différentes sources d’émissions dans la composition des PM10 mesurées à Gap (Air PACA, 2012)

Des programmes peuvent être mis en place afin de réduire les émissions des PM10 liées à l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie. C’est notamment le cas du Fonds Air Bois, dans la vallée de l’Arve, qui vise à inciter l’utilisation d’un bois propre et sec et, par une aide financière, le renouvellement des dispositifs de chauffage au bois les moins performants. En effet, le remplacement des vieilles installations de combustion offre de bien meilleurs rendements en limitant significativement les émissions de polluants (Tableau 2).

Tableau 2. Émissions moyennes de différents appareils de chauffage au bois (sources : ADEME, Flamme Verte, Prioriterre)
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