Un mouvement de terrain (éboulement, glissement, coulée, effondrement, etc.) se définit comme le déplacement d’un volume de roche ou de sol sous l’effet de la gravité. De nombreux paramètres influencent le déclenchement et l’activité des mouvements de terrain : les précipitations, la fonte des neiges, les variations de température, les séismes ou encore l’action de l’homme par exemple. Toutefois, il est important de signaler qu’étant donné les incertitudes des simulations climatiques selon les scénarios socio-économiques et la diversité des phénomènes considérés, seules des hypothèses sur l’évolution de cet aléa peuvent être émises, toutes projections ou prédictions quantitatives restant très incertaines.
« Des événements remarquables parfois dramatiques, liés aux forçages météo-climatiques, ont récemment illustré l’intensification des risques naturels dans les Alpes : avalanche rocheuse causée par la dégradation du permafrost à l’origine de la disparition de 8 randonneurs et d’une crue torrentielle destructrice au village de Bondo dans les Alpes suisses, en août 2017 ; épisode de crues et d’instabilités de versant généralisées provoquées par la fonte des neiges suite à la réactivation de la tempête Eleanor dans les Alpes françaises du Nord en janvier 2018 (5 décès) ; enclavement des vallées alpines par la réactivation des glissements de terrain du Chambon et du Pas de l’Ours… »
Citation de Benjamin Einhorn, directeur du Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN)
La diversité des paysages en montagne, de la géologie et des régimes climatiques font de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur un territoire singulier face à l’aléa « mouvements de terrain ». On y recense toutes les typologies de mouvements. Par exemple, l’aléa « éboulements-chutes de blocs » est particulièrement présent dans les Préalpes du Sud et le cœur des zones montagneuses. Ces phénomènes sont notamment sensibles aux variations de températures et à l’intensité des précipitations. L’augmentation des températures et des précipitations extrêmes accroitrait ainsi leur fréquence. L’aléa « glissements » est également présent partout dans la région. Il convient de différencier, selon le volume et la profondeur de rupture, les glissements superficiels (< 5 m) des glissements profonds (> 5 m). Le déclenchement des glissements est favorisé par la saturation et l’augmentation des pressions d’eau dans les sols et les roches. Il existe en particulier un effet « seuil », propre à chaque site, au-delà duquel la vitesse de déplacement peut augmenter brutalement et de manière non linéaire. Ainsi, des épisodes de pluie hivernale plus intenses, associés à de fortes amplitudes de variations de températures (générant des fontes de neige précoces), induiraient de nombreux glissements superficiels et leur propagation en coulée de boue (Photo 3).
À l’inverse, l’augmentation des températures estivales, favorisant l’évapotranspiration, conduirait à une diminution des mouvements en été. Les glissements profonds affectant des versants entiers, comme celui de la Clapière (Alpes-Maritimes), répondent aux précipitations sur des pas de temps plus longs, c’est-à-dire saisonniers à pluriannuels. Leur évolution dépendra davantage des totaux pluviométriques et de leur répartition saisonnière, et reste particulièrement incertaine. La surveillance en temps réel de ces phénomènes permet de comprendre leur dynamique et leur réponse aux variations climatiques.
Les laves torrentielles, affectant principalement les hautes vallées, sont causées par des épisodes de précipitations intenses. L’augmentation probable de la tendance orageuse, de l’intensité des averses et des retours d’est provoquerait une augmentation de la fréquence et du volume des évènements. Dans le cas spécifique des bassins versants de haute altitude, des crues dues à la fusion de la glace ou du permafrost pourraient se produire, même sur des cours d’eau où aucune lave torrentielle n’a été rapportée à ce jour.
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