4.L’adaptation de la gestion des risques naturels aux impacts du changement climatique

Les Alpes font partie des régions européennes les plus vulnérables face au changement climatique. Les changements observés et potentiels dans l’occurrence spatiale et temporelle des aléas naturels (fréquence, intensité, saisonnalité ou localisation) se surimposent à l’augmentation continue des vulnérabilités socio-économiques (matérielle, structurelle, organisationnelle) dans les vallées alpines comme en haute montagne (urbanisation, mobilités, aménagements touristiques). Il en résulte un potentiel de dommages accru et, depuis plusieurs années, une multiplication des pertes causées par les catastrophes naturelles dans l’arc alpin.

L’adaptation de la gestion des risques en montagne est donc une priorité aujourd’hui pour faire face aux évolutions et anticiper les changements futurs en prenant des mesures appropriées permettant d’éviter ou de minimiser les répercussions.

Les politiques publiques en vigueur dans les pays alpins et de nombreux projets de recherche et de coopération territoriale sont consacrés à cet objectif.

Dans cette perspective, la Gestion Intégrée des Risques Naturels (GIRN) dans les Alpes est préconisée depuis 15 ans par les gestionnaires et soutenue par les instances européennes, nationales et régionales pour développer des modes de gestion adaptés aux spécificités alpines et locales. La GIRN privilégie une approche globale et territorialisée co-construite par les acteurs locaux pour améliorer la cohérence et l’efficacité des systèmes de gestion. Le but est de relier l’ensemble des temps de gestion des risques sur un territoire, de la prévention à la gestion de la crise (Figure 13). Les risques sont ainsi appréhendés comme un des enjeux de développement du territoire et non plus seulement comme une contrainte physique ou réglementaire.

Figure 13. Éventail d’actions concourant à la gestion intégrée des risques naturels (projet ClimChAlp)

Dans les Alpes françaises, le programme interrégional de Gestion Intégrée des Risques Naturels sur le massif alpin (GIRN-Alpes), cofinancé par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État (CGET) et les fonds européens FEDER, permet de développer un ensemble de compétences et de « bonnes pratiques » à même de favoriser la capacité d’adaptation, la résilience et le développement durable de ces territoires. Cette opération interrégionale, coordonnée par le Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN) depuis 2009, mobilise des financements spécifiques dédiés aux territoires de montagne avec le concours de la communauté scientifique et de structures d’interface science-société. Elle contribue au développement de nouveaux cadres d’analyse et d’outils innovants scientifiques et territoriaux pour parvenir à des trajectoires vertueuses, notamment :

  • le développement de la connaissance, de l’expertise, d’outils d’observation (in situ ou télédétection) et de modélisation des aléas et des vulnérabilités intégrant les effets du changement climatique pour affiner la connaissance, le suivi, la surveillance, le diagnostic et les capacités locales d’anticipation et de gestion des phénomènes et des situations de crise ;
  • l’amélioration de la gouvernance multi-niveaux à travers la mise en cohérence et en synergie des politiques de prévention des risques naturels et d’adaptation aux différents échelons de décision ;
  • le développement d’approches multirisques intégrant de manière plus efficace les possibilités de risques « couplés » ou en cascade d’origine naturelle et anthropique ;
  • une meilleure prise en compte du risque résiduel en cas de dépassement des dispositifs de prévention existants ;
  • une planification territoriale incluant des mesures d’adaptation et une meilleure gestion des risques à travers la production d’indicateurs adaptés aux nouveaux enjeux et aux différents acteurs impliqués, en vue de considérer les interactions intersectorielles (ressources en eau, agriculture, forêt, risques naturels, énergie, etc.) dans les stratégies et plans d’adaptation, via un accompagnement spécialisé et la formation des agents territoriaux ;
  • l’évaluation et l’intégration des services écosystémiques dans les systèmes de gestion des risques et le développement des « infrastructures vertes » ;
  • la notion de risque acceptable, à travers un dialogue territorial accru, en particulier par la création d’instances de concertation locales et régionales, telles que le Comité régional de concertation sur les risques (C2R2) et sa commission multirisque en montagne ;
  • le développement d’approches objectivées (analyse coût-bénéfice, analyse multicritère) pour l’aide à la décision et la priorisation des interventions ;
  • une clarification des responsabilités collectives et individuelles des différents acteurs (élus, techniciens, population et scientifiques).
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