L’enneigement dans les montagnes d’Europe dépend directement des variations du climat. En effet, le manteau neigeux est fortement influencé par plusieurs variables météorologiques dont la température et les précipitations. Le manteau neigeux réagit doublement aux fluctuations de la température : cette dernière gouverne la phase des précipitations, c’est-à-dire la part relative de pluie et de neige, et est fortement liée à la vitesse de fonte du manteau neigeux. Comme ces deux effets vont dans le même sens, le manteau neigeux est très sensible aux variations de la température, notamment à la limite altitudinale pluie-neige qui correspond peu ou prou au niveau de l’isotherme 0°C en moyenne hivernale.
Les simulations des modèles climatiques doivent être ajustées aux zones de montagne avant d’être utilisées comme données d’entrée des modèles d’impact (modèles de manteau neigeux par exemple). Le projet GICC ADAMONT a récemment permis une mise à jour des projections climatiques relatives à la température, aux précipitations et à l’enneigement dans les Alpes. Il est complété dans les Pyrénées par le projet POCTEFA OPCC2 et son entrée thématique CLIM’PY.
La méthodologie mise en œuvre lie directement les indicateurs locaux d’enneigement (hauteur moyenne ou nombre de jours au dessus d’un seuil d’épaisseur donné par exemple) aux variations de la température à l’échelle mondiale, en moyenne sur 30 ans.
neige au sol, en moyenne, ces 30 dernières années
par rapport à la période 1961-1990, Les Orres
À titre d’illustration, la Figure 4 représente la variation en pourcentage de l’épaisseur moyenne de la neige en hiver (décembre à avril) dans le massif du Mercantour à 1200 m et 2700 m d’altitude, en fonction de l’incrément de la température mondiale depuis l’époque préindustrielle (1850-1880).
La Figure 4 montre que l’évolution du manteau neigeux est relativement linéaire en fonction de l’accroissement de la température mondiale, et dépend peu, pour un réchauffement donné, de la période temporelle (début, milieu ou fin de siècle) ou du scénario de concentrations de gaz à effet de serre (RCP 2.6, RCP 4.5 et RCP 8.5 : de l’optimiste au pessimiste). Néanmoins, cette réponse varie en fonction de l’altitude, du fait des conditions météorologiques et notamment des températures : à plus haute altitude, le froid étant plus marqué, un même niveau de réchauffement n’aura pas le même effet, car il se traduira par un impact plus limité sur les variations de phase des précipitations.
Le Tableau 1 représente une synthèse de la réponse des caractéristiques du manteau neigeux dans les massifs du Mercantour et du Champsaur en fonction de l’augmentation de la température moyenne mondiale, par rapport à la période de référence 1986-2005. Ces tendances de fond, qui diffèrent selon l’altitude et le massif, se superposeront à l’avenir à la forte variabilité interannuelle des conditions d’enneigement qui continuera à prévaloir.
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