La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur dispose de près de 700 km de côtes et de ce fait de nombreuses nappes aquifères sont en contact avec les eaux salées d’origine marine qui envahissent plus ou moins les formations géologiques côtières (Figure 19). En effet, l’eau salée, d’une densité supérieure (environ 1,025 kg/l) à l’eau douce, pénètre dans les terres essentiellement sous l’action du gradient de densité. Des variations de charge piézométrique de l’eau douce vont dépendre les variations de profondeur du «biseau» salé ou de celles de la zone de transition entre les deux types d’eau. La sensibilité des aquifères à l’intrusion saline dépend donc de leurs propriétés physiques (type d’aquifère : karstique ou alluvial par exemple, perméabilité, homogénéité) mais aussi de facteurs externes tels que les volumes d’eau prélevés et les usages qui en sont faits (eau potable, irrigation, industrie..) qui ont un impact sur la charge piézométrique de l’eau douce. La recharge de l’aquifère liée aux précipitations constitue également un facteur déterminant de l’intensité du phénomène d’intrusion saline.
Avec les conséquences du changement climatique, telles que l’augmentation du niveau marin et la modification des conditions de recharge, l’altération de la qualité des eaux douces par l’intrusion saline en milieu côtier est donc un problème susceptible de s’amplifier.
Dans le cadre d’un projet national cofinancé par l’ONEMA (depuis le 1er janvier 2017, l’ONEMA est devenu l’Agence Française pour la Biodiversité) et le BRGM, des recommandations pour le suivi et la gestion des aquifères susceptibles d’être impactés par des intrusions salines, en lien avec le changement climatique mais aussi avec l’usage et la consommation des eaux souterraines, ont été formulées. Pour les aquifères les plus sensibles, mais non encore impactés, il est recommandé de réaliser des études détaillées comprenant un suivi piézométrique accompagné de profils de conductivité de l’eau et de prélèvements ciblés pour analyser les chlorures ou de suivis en continu en forage dans un réseau de piézomètres. Il faut également déterminer des niveaux d’alerte à partir desquels des mesures devront être mises en oeuvre.
Pour les secteurs déjà impactés par les intrusions salines, des mesures de gestion doivent être mises en oeuvre. Elles peuvent porter sur l’optimisation des prélèvements et le cas échéant sur une recharge artificielle pour maintenir une barrière hydraulique empêchant la progression de l’intrusion saline.
L’utilisation d’un modèle numérique pour simuler des scénarios de gestion active couplée à un réseau de piézomètres avec seuils d’alerte de la salinité à différentes profondeurs d’un aquifère constitue un bon outil de gestion et d’aide à la décision.
Pour aller plus loin, la Région, en partenariat avec le BRGM a lancé début 2017 une étude de cartographie régionale des zones d’intrusion saline potentielle.
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