4.Les projections climatiques sur la recharge naturelle

Une étude menée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) en collaboration avec l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée Corse (AERMC) a permis d’effectuer des évaluations de la recharge pour des contextes d’aquifères variés et représentatifs du bassin Rhône Méditerranée Corse (RM&C), dont celui de la Fontaine-de-Vaucluse. Il a été possible d’explorer quelles pourraient être les incidences du changement climatique sur l’évolution future de la recharge à l’échelle du bassin RM&C incluant la région PACA. Ce travail a été réalisé en utilisant les projections climatiques du GIEC. La recharge a été calculée pour la période 2045-2065 en considérant les simulations du scénario A1B qui est le scénario médian en termes d’émission de gaz à effet de serre (Figure 17). En région PACA, la recharge future serait ainsi globalement affectée par une baisse comprise entre 10 % et 25 %, ce qui est inférieur à ce qu’on trouve dans le Languedoc et le Roussillon.

Figure 17. Carte de l’évolution de la recharge moyenne multi-modèle annuelle future (2045-2065) en proportion de la recharge moyenne annuelle pour la période présente (1970-2000). Les projections futures ont été réalisées avec le scénario médian d’émission des gaz à effet de serre (scénario A1B) (Caballero et al., 2016)

Un travail similaire a été réalisé sur la plaine de la Crau à l’horizon 2050. L’aquifère de la Crau est un aquifère superficiel dont le niveau est très dépendant de l’irrigation gravitaire, alimentée par les eaux de la Durance, qui assure près de 80 % de la recharge. Comme dans le cas précédent, le scénario A1B a été exploité. L’étude montre un accroissement de la demande évaporatoire de 2 à 12 % selon les types de couverts végétaux. Si elle est compensée par l’irrigation sans restriction (débit de la Durance suffisant), cette augmentation n’aura pas d’impact sur l’aquifère. Par contre, à prélèvement équivalent, toute modification d’allocation en eau se répercutera de manière très significative sur le niveau de la nappe. Par exemple, en 2030, une réduction de 30 % de l’eau prélevée sur la Durance aura un impact majeur avec un rabattement du niveau de la nappe de plusieurs mètres dans certains secteurs (Figure 18).

Figure 18. Baisse du niveau de la nappe de la Crau en 2030 avec scenario de -30 % sur les apports d’eau venant de la Durance (Trolard et al. 2016)

Ces résultats de projection doivent être manipulés avec précaution dans la mesure où la démarche adoptée pour les obtenir intègre beaucoup d’incertitudes. Ils présentent cependant l’avantage de fournir une première vision de l’évolution de la recharge future des aquifères et de leur vulnérabilité au changement climatique (probablement plus importante pour les aquifères dont la recharge dépend essentiellement des précipitations que pour ceux qui sont en relation hydraulique avec des aquifères voisins). La connaissance de ce type d’information revêt une grande importance pour les gestionnaires de la ressource en eau du territoire, car elle leur permettrait d’anticiper d’éventuelles situations de déficit futur.

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