5.L’influence du changement climatique sur l’évolution du manteau neigeux dans les Alpes du Sud

Le projet SCAMPEI, avait pour objectif de réaliser et mettre à disposition de la communauté scientifique de nouvelles simulations climatiques à l’échelle de quelques dizaines de km2 pour le futur proche et la fin du siècle sur la France métropolitaine, et plus particulièrement sur les zones montagneuses.

Le jeu de données SCAMPEI est fondé sur un ensemble de simulations réalisées suivant un protocole commun pour trois modèles numériques : ALADIN (modèle à aire limitée de Météo-France), LMDZ (modèle du Laboratoire de Météorologie Dynamique du CNRS, institut Pierre-Simon Laplace) et MAR (modèle du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement). Ces simulations sont basées sur des scénarios de concentration de gaz à effet de serre et en aérosols préconisés et utilisés par le GIEC en 2008, l’un plutôt « optimiste » (B1), l’autre « pessimiste » (A2) et le troisième « médian » (A1B).

Trois périodes de 30 ans ont été considérées pour les simulations SCAMPEI :

  • 1961-1990, période, dite d’analyse ou de référence, permettant de recaler les modèles par rapport aux observations et mesures ;
  • 2021-2050, que l’on résume par les « années 2030 » (décennie centrale) ;
  • 2071-2100, appelée les « années 2080 ».

En utilisant les analyses par massif de Météo-France (données SAFRAN) et les valeurs extrêmes des 6 simulations SCAMPEI, on peut élaborer des graphiques qui synthétisent l’évolution de l’enneigement pour une année moyenne et pour différentes périodes passées ou à venir. Les figures 6 et 7 présentent la médiane (valeur atteinte une année sur deux) des périodes 1961-1990 et 1981-2010, ainsi que l’enveloppe des valeurs prédites par les 6 projections climatiques du projet SCAMPEI pour les années 2030 et 2080.

Figure 6. Répartition de la hauteur de neige d’une année moyenne, à 1800 mètres, dans les Hautes-Alpes, pour quatre horizons
Figure 7. Répartition de la hauteur de neige d’une année moyenne, à 1800 mètres, dans les Alpes méridionales pour quatre horizons

Plusieurs points sont à noter :

  • on observe déjà, entre les années 1970 et les années 2000, une baisse de l’enneigement moyen à partir de la mi-février aux altitudes moyennes. Cette baisse est particulièrement marquée pour les zones les plus au sud (massif du Mercantour). Elle est moins accentuée aux altitudes plus élevées, au-dessus de 2500 mètres ;
  • l’évolution pour les années 2030 confirme une évolution à la baisse sur l’ensemble du cycle annuel, supérieure à 50 % aux altitudes basses (au-dessous de 1500 m), moins importante aux altitudes élevées où la tendance est d’un peu moins de 20 % ;
  • à l’échéance des années 2080, la baisse semble se confirmer, mais l’incertitude autour des résultats croît. Dans les hypothèses les plus pessimistes, la proportion des années avec très peu de neige augmente. Ceci est particulièrement vrai pour le massif du Mercantour où l’on risque de n’avoir plus de neige au sol en-dessous de 1800 mètres une année sur deux.

Cette situation a bien évidemment des répercussions sur les ressources en eau de la région PACA, puisqu’une partie de l’eau disponible en période estivale est directement issue de la fonte de la neige restant au printemps. Un bon indicateur de cette eau disponible est l’équivalent en eau du manteau neigeux. Cet indicateur est calculé depuis peu par Météo-France pour l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) (Figure 8). La tendance observée ces soixante dernières années est nettement à la baisse.

Figure 8. Evolution de l’équivalent en eau du manteau neigeux (au 1er mai) pour les Alpes du Sud, de 1959 à 2015
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