Les résultats de recherches en sciences humaines et sociales, qui abordent des objets d’étude complexes et qui exigent de la nuance, comme pour toute science, se prêtent rarement à des résumés succincts. Mais prêtons-nous au jeu, à l’instar des rapports du GIEC ! Voici, énoncés en quelques lignes, les résultats saillants des recherches présentées dans ce cahier.
1. Comment les enjeux du changement climatique s’inscrivent-ils dans le temps ?
□ Le climat a déjà changé par le passé dans la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, impactant fortement des sociétés et les paysages.
□ Le thème actuel du changement climatique est apparu progressivement dans les discours médiatiques depuis les années 1980.
□ Les représentations sociales du changement climatique se sont affinées sur ces vingt dernières années : en 2022, seul un quart des Français interrogés affirment qu’« on s'adaptera sans trop de mal ».
2. Se représenter le changement climatique par le risque
□ Le « risque » est une construction sociale qui dépend de notre vision des enjeux importants.
□ L’appréhension des bouleversements climatiques dépend de la mémoire sociale des évènements passés ou encore de la confiance dans les acteurs politiques.
□ À Marseille et Nice, en 2015, les personnes enquêtées étaient tout à fait conscientes du changement climatique, mais peu s’en inquiétaient.
□ Les expériences du changement climatique sont pourtant très prégnantes dans les milieux les plus densément urbanisés.
□ Les résidents vivant en zone inondable comme dans la basse vallée de la Durance s’informent peu sur le risque, même quand ils y sont exposés quotidiennement.
□ Le risque d’inondation est davantage perçu que le risque de submersion marine par les élus locaux du littoral de la Région Sud (qui est une notion plus abstraite pour ces derniers).
3. L’adaptation des acteurs et des activités socio-économiques
□ Une station de ski des Alpes du Sud s’adapte mieux aux changements climatiques que certaines de ses homologues du Nord accrochées au modèle « tout ski ».
□ Certains territoires de montagne comme le Queyras, se caractérisent par une cohabitation paradoxale entre ces deux types de trajectoires.
□ Les stratégies d’adaptation des propriétaires forestiers français sont diverses, selon leurs caractéristiques sociales et professionnelles, leurs usages de leur forêt et leurs représentations du changement climatique.
□ Dans certaines zones comme le Ventoux, les viticulteurs sont conscients du changement climatique et en conséquence repensent le périmètre d’appellation avec des critères liés au changement climatique.
4. Une gouvernance territoriale à réinventer
□ Le droit français a progressivement décentralisé beaucoup de compétences en matière de changement climatique, répartis entre différents secteurs d’action publique, ce qui complexifie la gestion de l’adaptation.
□ L’analyse des documents de planification urbaine montre que les collectivités littorales de la région n’ont pas encore pleinement pris la mesure des changements induits par le changement climatique.
□ Le manque de ressources financières limite l’impact de la planification territoriale.
□ La gestion des ressources naturelles, si elle ne répond pas à des principes de justice environnementale - de partage et de solidarité entre territoires - peut conduire à des phénomènes de maladaptation.
□ La Camargue, sujette à de nombreux risques (submersion marine, salinisation des terres, tourisme de masse…), est une société locale consciente de la nécessité de s’adapter mais qui doit se donner les moyens de traiter collectivement et de manière intégrée l’adaptation à ces risques.
5. Les citoyens, des acteurs incontournables
□ Lors de la renaturation du cordon dunaire des Vieux Salins d’Hyères, la pédagogie et la communication employée pour mobiliser les résidents ont permis de mettre en place des modes de gestion alternatifs du trait de côte.
□ Des dispositifs tels que les conventions citoyennes, celle de Marseille par exemple, permettent de penser collectivement le changement climatique et de proposer des solutions consensuelles.
□ Les associations de citoyens se mobilisent en portant des actions juridiques contre les pouvoirs publics devant les tribunaux.
□ De tels procès tentent de responsabiliser des acteurs économiques pour contribuer à l’effort climatique.
□ Cultures en Terrasses, dans la vallée de la Roya, associe chercheur.es, associations et acteurs du territoire pour penser l’avenir et les transitions économiques et agricoles à la suite des inondations de 2022.
Sommaire du cahier