La synthèse du 6ème rapport d’évaluation du GIEC souligne que les politiques publiques relatives à l’atténuation se sont généralisées depuis le 5e rapport d’évaluation du GIEC paru en 2014. Toutefois, ces mesures et engagements des états restent en deçà des transformations nécessaires pour respecter la trajectoire 1,5°C. Par ailleurs, la planification et la mise en œuvre de mesures d’adaptation au changement climatique ont globalement progressé. La gestion intégrée des ressources en eau, le recours à l’agroforesterie, la réaffectation des terres et la valorisation d’approches favorisant les solutions fondées sur la nature (végétalisation urbaine, restauration des zones humides et des écosystèmes forestiers) ont contribué à une résilience renforcée. Toutefois, ces réponses restent trop fragmentées, incrémentales et spécifiques à certains secteurs d’activité ou certains territoires.

De fait, comprendre l’écart entre les perspectives et les besoins urgents d’atténuation et d’adaptation au changement climatique nécessite de mobiliser les différentes disciplines des sciences humaines et sociales (science politique, histoire, sociologie, anthropologie, psychologie sociale, géographie, droit, économie…) aux côtés des sciences du climat et du vivant. Dans une région soumise à de nombreux risques et évènements climatiques extrêmes, à l’augmentation des températures moyennes annuelles, notamment sur le pourtour du bassin méditerranéen, à l’intensification des vagues de chaleur et des canicules et la perturbation du cycle hydrologique (sécheresse et inondations), l’enjeu est grand. Les inondations du sud-ouest des Alpes Maritimes en octobre 2015, la tempête Alex dans les vallées alpines au-dessus de Nice, la sécheresse qui sévit depuis l’été 2022 et les canicules marines à répétition sont autant de marqueurs de ces bouleversements climatiques et environnementaux en cours et à venir.

S’il est nécessaire d’« accélérer la transition », de mettre à disposition des outils d’aide à la décision fondés sur des savoirs territorialisés, les sciences humaines et sociales permettent également de retracer les transformations qui façonnent en profondeur nos sociétés. Ce cahier illustre différentes approches théoriques et méthodologiques qui partent tantôt de l’individu, tantôt des collectifs ou des institutions et qui éclairent plusieurs dimensions de ces bouleversements en cours et à venir. Les méthodologies de recueil de données mobilisées et les publics ciblés varient d’une étude à l’autre et dépendent des résultats escomptés : entretiens individuels, analyse de documents écrits, traitement de données issues de sondages, etc. Certaines enquêtes sont menées en collaboration avec des acteurs territoriaux. Cette synthèse régionale illustre la diversité des approches et des apports des sciences humaines et sociales mais ne saurait rassembler de manière exhaustive toutes les études en région. Ce cahier est également loin de couvrir toutes les dimensions sociales du changement climatiques. De très nombreuses enquêtes restent à mener pour bien comprendre la manière dont notre société – et notre région en particulier – l’abordent, entre efforts d’atténuation et d’adaptation mais aussi parfois avec une dangereuse insouciance.

En proposant des allers-retours entre phénomènes globaux et enjeux locaux, ce cahier ambitionne de donner des clefs de compréhension des changements économiques, sociaux et politiques qui s’opèrent pour faire face aux enjeux climatiques en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il permet d’examiner l’évolution du rapport aux questions climatiques en région mais également de mettre en lumière la manière dont les acteurs publics et privés s’emparent de ces questions, transforment (ou non) leurs métiers et leurs modèles de développement.

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