4.Conséquences psychosociales des catastrophes naturelles

« Une catastrophe est un choc sévère, une rupture brutale, écologique et psychosociale, qui dépasse largement les possibilités de faire face de la communauté affectée » (OMS, 2002).

Les catastrophes, quel que soit leur type, peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale par le biais des traumatismes psychiques que les personnes exposées peuvent subir, mais aussi par les bouleversements sociaux et économiques qu’elles peuvent induire. Le risque le plus spécifique d’un traumatisme collectif (ou individuel) est l’état de stress post-traumatique. Il est défini comme un ensemble de réactions pathologiques anxieuses pouvant se développer chez une personne, qu’elle ait vécu, été témoin ou confrontée à un événement psychologiquement traumatisant hors du commun. Il peut être aigu, durant moins de trois mois, chronique, persistant au-delà de trois mois, ou même survenir de façon différée, apparaissant alors plus de six mois après le traumatisme initial. Une incidence élevée (pouvant atteindre 50 % des personnes exposées) de ce trouble a été observée dans de multiples études conduites après des catastrophes naturelles.

Les travaux pluriannuels menés en France suite à des inondations, comme par exemple celles de l’Ouvèze dans le Vaucluse en 1992, ont montré la persistance de symptômes plusieurs années après les événements. Mais d’autres types de troubles ou maladies peuvent survenir –ou être réactivés– après des catastrophes naturelles : ceux-ci peuvent d’ailleurs être associés entre eux (comorbidités) ou à l’état de stress post-traumatique, tels que des troubles anxieux (par exemple, attaques de panique ou certaines phobies), des troubles dépressifs et, dans certains cas, des troubles liés à l’usage de substances psychoactives. Ces divers types de troubles ne surviennent pas systématiquement chez les personnes ayant été exposées à des catastrophes naturelles. Mais leur risque de survenue est plus important lorsque l’intensité de l’exposition à l’événement est élevée (e.g. proximité, blessure) chez les femmes, les personnes en situation de précarité, ou bien encore chez celles ayant souffert auparavant de troubles psychopathologiques. Les personnes ayant été évacuées de leur domicile seraient à cet égard particulièrement vulnérables. Par contre, un bon soutien social est un facteur modérateur des conséquences psychosociales d’une catastrophe, favorisant un « retour à la normale » après un stress aigu. Chez l’enfant, les conséquences psychosociales des catastrophes naturelles existent et ne doivent pas être sous-estimées par son entourage.

Enfin, plus globalement, les catastrophes naturelles peuvent avoir un impact social majeur, affectant aussi bien la vie personnelle, la vie familiale, les liens sociaux que la sphère du travail. De plus, l’ensemble de la désorganisation sociale peut avoir des effets indirects sur la santé, en modifiant les comportements et les habitudes (alimentation, usage de tabac, consommation d’alcool…).

Le repérage précoce des conséquences psychosociales individuelles, leur prise en charge et leur suivi en évitant les ruptures de soins, la résilience au niveau individuel, mais aussi au niveau de communautés touchées, sont des enjeux incontournables pour permettre un retour à la « vie normale » à la suite de ces événements.

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