2.Mobiliser les acteurs des filières agricoles et passer à l’action

Face au changement climatique, l’enjeu est désormais de savoir comment y répondre. Il n’est plus possible de définir des orientations stratégiques de long terme sans intégrer la vulnérabilité climatique. Au sein des filières, les acteurs de l’amont (agriculteurs, éleveurs) paraissent plus enclins à élaborer des stratégies actives d’adaptation du fait de leur exposition fréquente aux aléas climatiques. Le maintien ou l’évolution des bassins de production et des filières agricoles ne se fera pas sans l’implication de tous les acteurs de la chaîne de valeur, pour créer de nouveaux débouchés, adapter les cahiers des charges (labels, appellations, etc.), éduquer les consommateurs et communiquer auprès d’eux, etc. Dès lors, la question est de savoir : sur quel périmètre ? Comment mobiliser ? Et quelle stratégie adopter pour construire des systèmes résilients ?

En ce sens, un guide méthodologique à destination des acteurs des filières agroalimentaires intitulé « Comment développer sa stratégie d’adaptation au changement climatique à l’échelle d’une filière agroalimentaire ? » a été produit en 2019 (partenariat ACTERRA-ADEME). La méthode proposée repose notamment sur l’élaboration de trajectoires d’adaptation, permettant de dessiner des stratégies d’adaptation au changement climatique flexibles et ajustables dans le temps, en fonction de l’intensité du changement climatique. Les démarches d’adaptation (Figure 15) doivent s’inscrire dans des enjeux sociétaux et environnementaux plus larges, comme l’évolution de la consommation alimentaire et la nécessaire atténuation des émissions de gaz à effet de serre.

Cette étude, dont les résultats ont été présentés à l’occasion du Sommet Virtuel du Climat 2021, a constitué un premier travail exploratoire dans l’accompagnement des filières. Elle s’est poursuivie en 2021 pour analyser les démarches d’adaptation au changement climatique dans les secteurs agricoles, mais aussi forestiers, en orientant plus particulièrement vers les modalités de mobilisation des acteurs et le passage à l’action. Plusieurs facteurs de réussite ont été identifiés. Les enseignements et recommandations formulés pour accompagner les acteurs dans leur démarche soulignent l’importance de :

1. définir l’échelle de travail la plus adaptée : entre filière(s) et/ou territoire(s) ;

2. s’appuyer sur les structures de portage existantes (autant que possible) ;

3. raconter le futur, esquisser les chemins possibles ;

4. proposer des trajectoires « sans regret » à court terme, pour préparer les transformations nécessaires à long terme ;

5. proposer des démarches de co-construction participatives et garder une flexibilité dans la gestion du projet ;

6. s’appuyer sur la pédagogie des aléas majeurs comme un argumentaire possible de mobilisation ;

7. mettre en avant les co-bénéfices créés ;

8. mobiliser les financements en faveur de l’adaptation.

Ces recommandations sont applicables pour faire évoluer les filières agricoles, mais aussi alimentaires en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Figure 15. Organisation de la démarche (source : ADEME, 2019).

Zoom 6. Le projet PARCEL en faveur d’une alimentation résiliente citoyenne et locale

PARCEL est un outil web simple, ludique et gratuit, permettant d’évaluer pour un territoire donné les surfaces agricoles nécessaires pour se nourrir localement. Il mesure aussi les emplois agricoles et les impacts écologiques associés à d’éventuels changements de mode de production agricole et/ou de régimes alimentaires (émissions de gaz à effet de serre, pollution des ressources en eau, effets sur la biodiversité…).

Développé par Terre de Liens, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) et le Bureau d'analyse sociétale d'intérêt collectif (BASIC), PARCEL invite les citoyens et les élus à se saisir des enjeux actuels de l’alimentation en leur proposant de « jouer » sur trois des principaux leviers de durabilité de l’alimentation :

• la reterritorialisation des filières alimentaires ;

• les modes de production agricole ;

• la composition des régimes alimentaires.

Répondant aux préoccupations inscrites dans sa charte, le Parc naturel régional du Luberon s’est questionné sur le potentiel nourricier de son territoire et son évolution. C’est dans cet objectif qu’une analyse prospective très fouillée a été menée avec Le BASIC grâce à l’utilisation de l’outil PARCEL. Appliqué au Luberon, PARCEL a permis d’évaluer l’autonomie alimentaire du territoire, d’explorer deux scénarios pour 2030 et ainsi, de sensibiliser les élus sur l'importance de se mobiliser pour soutenir le maintien et l’installation de productions agricoles nourricières. Le premier scénario fournit un aperçu de l’évolution de l’agriculture si la tendance actuelle perdure, avec une diminution proche de 40 % du potentiel nourricier du territoire corrélé à un phénomène d’agrandissement des exploitations et de perte de diversité des productions. Le deuxième scénario prend en compte des actions en faveur d’une transition permettant de valoriser et soutenir la diversité des productions.

Ce diagnostic permet de fournir des éléments concrets aux acteurs locaux afin de développer plusieurs scénarios à leur(s) échelle(s) dans l’objectif de nourrir les nécessaires débats sur les enjeux de la transition alimentaire et de l’usage des terres agricoles.

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