Dans le cadre de la politique de prévention des risques, le gouvernement a mis en place en 1997 les plans de prévention des risques naturels (PPRN). Ils réglementent l’urbanisation à l’échelle d’une ou plusieurs communes. Cet outil active également des mesures de gestion de crise (PCS : plan communal de sauvegarde) et d’information (DICRIM : document d’information communal sur les risques majeurs). Les PPRN sont réalisés par l’État (DREAL) et sont annexés au plan local d’urbanisme (PLU).
Le zonage réglementaire (zones rouges, inconstructibles et bleues, constructibles sous conditions) des PPR peut varier d’un territoire à l’autre. En effet, il existe une grande diversité de modèles de calculs des aléas, d’enjeux socio-économiques et de sensibilité des acteurs locaux. Ainsi, des territoires très exposés aux aléas naturels et comprenant des enjeux touristiques importants auront une manière spécifique de concevoir les zones de risques. Ceci est possible grâce à un dispositif de concertation entre la phase de définition des zones à risque et la phase d’application de la réglementation. Cette concertation a lieu entre les représentants de l’État (qui définissent les zones d’aléas et d’enjeux, puis de risques) et les acteurs locaux (élus, ingénieurs, techniciens, habitants). Cette phase permet d'ajuster, d’affiner, voire de réinterroger, les propositions de zonage en fonction de la connaissance locale des aléas (phénomènes passés) et/ou de l’importance des enjeux.
Le bon sens voudrait que la population touristique très vulnérable face aux risques naturels soit prise en compte. En effet, sa densité est parfois très élevée alors que ses connaissances du territoire visité sont limitées, voire nulles. Cette prise en compte peut se traduire par de l’information ciblée sur les risques, la sécurisation d’infrastructures d’accueil et d’accès (hôtels, routes, etc.), la décision de ne pas aménager certaines zones. Il faut également tenir compte de la saisonnalité des flux touristiques. Les campings font par exemple l’objet d’une attention particulière dans les PPR de territoires touristiques, car ils se situent souvent en zone rouge (bord de rivière agréable, mais inondable) et nécessitent donc une bonne organisation de la gestion de l’alerte et de la crise.
Les plans de prévention du risque inondation (PPRI) de Villeneuve-Loubet et de Fréjus montrent deux approches opposées. Fréjus a programmé des aménagements adaptés pour l’évacuation d’urgence (voies dégagées, points hauts rapides d’accès, etc.). En effet, la commune a été marquée par une inondation en 2010 la motivant à réaliser ces travaux. En revanche, le Plan de prévention des risques d’incendies de forêts (PPRIF) de Villeneuve-Loubet ne contient aucun élément sur le tourisme alors que sa population estivale importante coïncide avec une période critique d’un point de vue du risque incendie.
Au-delà de ces différences de prise en compte du tourisme dans les PPR et de la possibilité de réglementation des accès et infrastructures de prévention des aménagements touristiques, se pose la question de la sécurité des populations temporaires dont la culture du risque est bien souvent absente. Or cette population loge dans des habitations secondaires, des locations (gîtes, Airbnb, hôtels), pouvant se situer en zones rouges, très exposées aux aléas… Face à la modification du régime des aléas provoquée par le changement climatique, cette réflexion liée à l’intégration du tourisme dans les PPR et son système (PCS, DICRIM, etc.) devient urgente sur certains territoires.
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