Le tourisme en région Provence-Alpes-Côte d’Azur doit se renouveler en s’affranchissant des communications trop positives qui masquent la réalité vécue par les visiteurs, mais aussi les habitants qui sont leurs premiers hôtes. La majorité des acteurs touristiques et plus largement territoriaux en ont conscience, l’affirment parfois haut et fort, mais le changement de pratiques et de comportements n’est pas à la mesure des enjeux sociétaux et environnementaux qui conduisent aujourd’hui le secteur et tout son écosystème dans l’impasse. Pour éviter ou réduire de manière significative, selon le cas, les émissions de GES et pollutions, l’érosion de la biodiversité, les risques majeurs liés aux événements climatiques extrêmes, la surenchère des équipements et infrastructures (et l’endettement associé), la surfréquentation touristique à certaines périodes de l’année, les gaspillages, les inégalités sociales, les nuisances, la mainmise sur certains territoires qui exilent leurs habitants, etc., le tourisme régional est appelé à tendre vers plus de sobriété (énergie, eau, foncier…), d’équité et justice sociale, de responsabilité et durabilité. Son modèle, qui s’appuie aujourd’hui encore sur des indicateurs économiques obsolètes, doit évoluer pour engager au plus vite la transition écologique qui a vocation à préserver le secteur touristique sur le long terme. La transition, plus précisément les transitions (énergie, environnement, social, économie et politique), sont les alliées du tourisme. Elles s’entendent aux échelles régionale et territoriale, avec une imbrication d’actions et de mesures efficaces mobilisant l’ensemble des parties prenantes : État, collectivités, gestionnaires, entreprises et associations (dont les professionnels du tourisme), habitants… Certes, des progrès en matière de transport et mobilité, d’hébergement et d’accueil, de préservation et de protection de l’environnement, sont manifestes et vertueux, mais ils restent très insuffisants par rapport aux efforts à déployer aux quatre coins du territoire régional pour atteindre la neutralité carbone en 2050, ce qui permettrait de limiter le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques (si tous les pays et régions du monde jouent aussi la carte de la sobriété). Les territoires de montagne, confrontés au recul de leurs ressources (neige, eau…) et maintenant au défi de la durabilité des Jeux olympiques d’hiver 2030, et les parcs naturels régionaux (Photo 28), sont aujourd’hui en avance dans leurs réflexions de transformations. Des démarches ambitieuses émergent aussi sur le littoral, dans les espaces ruraux et les villes et encouragent les acteurs du tourisme, clients inclus, à changer leur regard.

Le tourisme ne se suffit pas à lui-même dans le sens où il est le reflet de nos modes de production et de consommation, de l’échelle territoriale à internationale, dans tous les domaines : énergie, industrie, bâtiment, transport, mobilité, urbanisation, alimentation, agriculture, biodiversité, ressource en eau ... Repenser le tourisme signifie repenser notre rapport au vivant, à l’humain et aux ressources terrestres, nos choix de société (dont les excès de la mondialisation), notre besoin presque compulsif de voyages et de loisirs… Le tourisme n’inversera pas seul la courbe des émissions de GES, mais il doit être l’un des moteurs de la bifurcation de nos sociétés avec le transport (décarbonation), l’énergie (développement des EnR), l’urbanisme écologique (renaturation, désartificialisation des sols, etc.)… Il est au cœur de nos territoires, il est à notre image.

En ce sens, pour développer un tourisme plus responsable et respectueux de l’environnement et de ses habitants, le Comité régional du tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur et ses partenaires développent des filières (écotourisme, vélo, tourisme de savoir-faire…) susceptibles de promouvoir à l’année les richesses de la région. La volonté est de mieux répartir les flux touristiques, d’améliorer les expériences des visiteurs et de renforcer la durabilité des activités, en partenariat avec les acteurs des territoires. Ces initiatives sont de bons signes à encourager, mais il est possible d’aller plus loin. Aujourd’hui, des pistes d’adaptation au changement climatique et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, des méthodes et techniques qui font avancer les débats et favorisent le passage à l’action, sont identifiées et partagées. Ce cahier thématique du GREC-SUD présente certaines d’entre elles, en vue de réduire la vulnérabilité de nos territoires qui dépendent grandement du tourisme, protéger les habitants et les visiteurs, privilégier une vision systémique du territoire et saisir les opportunités économiques offertes par la transition écologique tout en stoppant la fuite en avant du secteur touristique. Ce dernier a un bel avenir devant lui si nous en prenons soin et si les projets touristiques sont intégrés à des projets de territoire désirables et durables, construits collectivement et en adéquation avec les enjeux climatiques actuels.

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