L’empreinte carbone de l’activité touristique actuelle provient pour plus de 95 % des émissions de GES générées par l’utilisation d’énergies fossiles, en particulier pour le transport des touristes et leur hébergement. L’enjeu principal, dans un objectif de neutralité carbone, consiste à développer l’utilisation de sources et vecteurs d’énergie bas carbone adaptés aux besoins spécifiques de l’activité touristique, et ce de manière combinée avec la mise en œuvre de démarches de sobriété et d’efficacité énergétique.
Pour ce qui est du transport aérien, l’enjeu principal, en dehors de la question de la sobriété, réside dans l’utilisation accrue de carburants non fossiles dits "Sustainable Aviation Fuels" (SAF), biocarburants ou électro-carburants synthétisés à partir d’hydrogène et de CO2 soustrait à l’émission atmosphérique. Compte tenu de la présence dans la région de deux grands aéroports (Marseille-Provence et Nice), d’installations et de compétences industrielles sur la zone de Fos Marseille, le territoire pourrait jouer un rôle important dans le développement, qui suscite de vifs débats en France et en Europe, de la filière française de production de SAF. La situation est similaire concernant le transport maritime lourd (bateaux de croisière et ferries) avec un choix de carburants liquides alternatifs (et équipements et infrastructures associés) non stabilisé à ce jour entre méthane, méthanol, ammoniac, voire hydrogène pur d’origine non fossile, et l’enjeu de l’électrification à quai pour éviter les émissions de GES, mais aussi de polluants atmosphériques lors des escales.
Le transport maritime léger pour le tourisme côtier (navettes vers les différentes îles par exemple) représente également un enjeu spécifique pour lequel un certain nombre de navires à propulsion électrique à batterie et/ ou pile à combustible à hydrogène sont en train d’apparaître pour répondre aux différents besoins touristiques (navires pouvant transporter quelques passagers ou plusieurs centaines si besoin). Concernant la mobilité terrestre, l’objectif est de faciliter le report modal vers des moyens de déplacement à moindre empreinte carbone (cf. §6.1), et de basculer vers des motorisations bas carbone, notamment les véhicules électriques à batterie et/ou hydrogène ou à gaz non fossile (bioGNV).
La réduction de l’empreinte carbone des hébergements touristiques (marchands, non marchands et locations saisonnières) repose sur plusieurs aspects :
□ la réduction des émissions induites par la construction des infrastructures, avec des opportunités régionales pour l’utilisation de matériaux bas carbone (bois, terre, etc.) ;
□ la rénovation énergétique des bâtiments (isolation thermique, gestion optimisée des consommations, valorisation des chaleurs fatales, etc.) et le recours à des conceptions innovantes bioclimatiques permettant d’anticiper la nécessaire adaptation au changement climatique ;
□ la conversion vers des moyens de chauffage (et si nécessaire climatisation) bas carbone, plus particulièrement les pompes à chaleur, y compris géothermiques (si possible), avec une opportunité spécifique d’utiliser la thalassothermie dans la région.
Afin de répondre à ces différents besoins, la région a un potentiel encore largement inexploité de production d’énergie solaire thermique et photovoltaïque, et les infrastructures touristiques représentent un potentiel important pour augmenter le parc installé, en tirant avantage des réductions majeures de coûts des différentes technologies associés et des nouvelles possibilités ouvertes par les évolutions de la réglementation, surtout par l’autoconsommation individuelle et collective.
Ces productions d’énergie au niveau local doivent aussi être mises à profit pour décarboner un certain nombre d’activités touristiques, en particulier dans le domaine de l’événementiel et des loisirs (suppression des groupes électrogènes à combustible fossile).
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