Notre région bénéficie d'un patrimoine naturel exceptionnel. Elle présente une forte diversité d'habitats où vivent un grand nombre d'espèces animales et végétales.
Elle abrite 71,5 % des différentes espèces de la France métropolitaine (Figure 4). C’est l’un des 34 hotspots de biodiversité au niveau mondial.
La forte fréquentation touristique représente une source de dégradation croissante de nos écosystèmes naturels et de leur biodiversité (cette pression s’est accrue après la crise sanitaire de la Covid-19). En effet, les activités liées au tourisme de masse, notamment en été, perturbent et affectent les écosystèmes fragiles comme les zones humides ou côtières, les dunes, les forêts, les milieux marins… Parallèlement, la biodiversité régionale est aussi fortement soumise aux effets du changement climatique : périodes de sècheresse de plus en plus sévères et longues, canicules plus fréquentes et intenses, hausse de la température des eaux de surface et profondes… Or, nos espaces naturels sont de véritables amortisseurs du changement climatique et des événements climatiques extrêmes, par exemple
□ séquestration des gaz à effet de serre dans la biomasse et les sols,
□ zones tampons en cas de fortes pluies et d’inondations (les zones humides jouent notamment un rôle d’éponge, ce qui limite et ralentit le ruissellement).
Essentielle à notre économie régionale, la fréquentation touristique, quand elle est mal gérée et excessive, altère les fonctions des milieux naturels et ne permet pas le maintien de la biodiversité : piétinements, dérangements d’espèces, production de déchets, notamment plastiques, dont certains deviennent des pièges pour la faune, pollution sonore sur terre comme en mer perturbant le cycle de vie des espèces, ancrage des bateaux détruisant la flore marine… Ces réalités se traduisent par exemple par l’érosion des milieux ou la régression des herbiers de posidonie.
Les afflux touristiques enregistrés sur certains sites peuvent être très importants :
□ les sources de l’Huveaune dans le Parc naturel régional de la Sainte-Baume : 45 000 visiteurs par an ;
□ les gorges du Toulourenc, entre Baronnies provençales et mont Ventoux : 120 000 visiteurs en été ;
□ le belvédère du Point sublime, site de départ et d’arrivée du couloir Samson dans le Grand canyon du Verdon : plus d’un million de visiteurs par an ;
□ le Grand site Concors Sainte-Victoire : plus d’un million et demi de visiteurs par an ;
□ Parc national des Calanques : trois millions de visiteurs par an ;
□ Camargue : plus de 5 millions de visiteurs par an…
Les gestionnaires des espaces naturels protégés travaillent sur la gestion des flux touristiques pour mieux répartir la fréquentation tout au long de l’année, limiter les pressions sur les milieux naturels, responsabiliser les usagers et, dans le même temps, développer un tourisme durable visant à améliorer les expériences du visiteur avec la mise en place d’aménagements de zones d’accueil ou de cheminements, de plans de communication
et de sensibilisation, de systèmes de réservation… L’Agence régionale de la biodiversité et de l’environnement, dans le cadre du Réseau régional des gestionnaires d’espaces naturels protégés (RREN), favorise le partage et la capitalisation des expériences.
Dans la région, des initiatives exemplaires (à multiplier) sont à souligner :
□ une collaboration inédite entre le Comité régional du tourisme et Waze pour une expérimentation de redirection des flux touristiques vers des sites alternatifs dans les espaces naturels,
□ la mise en place par le Parc national des Calanques d’une solution de réservation obligatoire (Photo 4 et 5, cf. §6.2) pour accéder aux sites qui subissent des pics de fréquentation, ou encore la fermeture de la route des Goudes à la circulation motorisée,
□ la régulation des afflux grâce à la mise en place d’une zone de mouillage, d’équipements légers et d’une jauge journalière des navettes l’été dans le Parc national de Port-Cros, pour éviter de dégrader les herbiers de posidonies, véritables poumons de la mer Méditerranée.
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