2.Le poids économique du tourisme régional et les émissions de GES associées

La renommée internationale de la Provence-Alpes-Côte d’Azur (douceur du climat en toute saison, diversité des paysages, richesse de la faune et flore, saveurs médi-terranéennes, variété des loisirs…) attire de nombreux touristes en toute saison, notamment en été. Cette attractivité se traduit par un fort dynamisme économique, mais aussi un bilan GES et énergétique défavorable.

et 237,7 millions de nuitées, dont 150,8 millions de nuitées françaises et 86,9 millions de nuitées internationales. Les séjours touristiques (au moins une nuit en un lieu fixe) sont, par saison, équitablement répartis (Figure 1), mais les nuitées se concentrent au cœur de l'été (35 %), ce qui signifie que les séjours sont plus longs durant la période estivale (9 jours), sachant que la durée moyenne d’un séjour est de 6,5 jours.

Le poids économique et l'attractivité touristique de la région

La Côte d'Azur (Alpes-Maritimes et sud-est du Var) concentre 42 % des nuitées régionales et les deux départements des Alpes-Maritimes et du Var 55 % des nuitées. Les touristes français viennent principalement de la région parisienne, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d'Azur. De leur côté, les touristes étrangers (Figure 2) sont essentiellement issus d'Europe de l’Ouest, des pays d'Europe centrale et de l'Est,

des États Unis... L’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni représentent un tiers des séjours internationaux, l’Amérique du Nord 8 %. Cette attractivité touristique génère d’importants revenus : d’après une étude du Comité régional du tourisme (CRT) parue fin 2023, le tourisme est un secteur économique majeur dans la région avec 20 milliards d'euros

de retombées économiques directes (16,8 milliards contre 14 milliards en 2010) et indirectes (3,2 milliards), 13 % du produit intérieur brut (PIB) et 153 000 emplois (124 000 salariés et 29 000 non-salariés, soit environ 9 % des emplois). Le budget moyen du séjour et par personne (sans prise en compte des durées de séjour) s’élève à 942 euros. Au printemps et en automne, la dépense moyenne par jour et par personne est la plus élevée. Le tourisme infrarégional et le tourisme international représentent chacun 29 % des séjours, mais le premier apporte 13 % des retombées économiques et le second 45 %.

Des émissions de gaz à effet de serre mal connues

Au total, selon l’ADEME, les émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France atteignent 118 millions de tonnes d’équivalent CO2 (eqCO2) en 2018, ce qui correspond aux émissions de GES de 11 millions de Français sur une année entière. La part des émissions du bilan GES qui ont lieu sur le territoire national (50 millions de tonnes de eqCO2) représente 11 % de l’inventaire national d’émissions de GES en France, pour un poids de 7,4 % du PIB.

D’après l’Observatoire régional de l'énergie, du climat et de l'air de Provence-Alpes-Côte d'Azur (ORECA), qui a pour mission d’évaluer et de soutenir les politiques publiques en suivant l’évolution du secteur énergétique sur le territoire régional, les principales consommations d'énergie et émissions de GES du tourisme, hors excur-
sions à la journée, proviennent de :

1.déplacements domicile-lieu de vacances et sur le lieu de vacances (transport),
2. occupation de résidences (hébergements),
3. utilisation d’équipements touristiques et de loisirs.
Le transport et l’hébergement sont largement dominants en termes d’émissions de GES et de consommation énergétique (Figure 3). Dans le secteur du transport, l’avion (60 % pour seulement 14 % des séjours) et la voiture (38 %) étaient responsables de 98 % des émissions régionales de gaz à effet de serre. La consommation d’énergie était mieux répartie : 35 % train (TGV et trains régionaux),29 % avion, 26 % voiture, 9 % bateau… À titre indicatif, aujourd’hui, pour venir et quitter la région, 62 % des touristes utilisent la voiture, 16 % l’avion (son usage étant largement facilité par les vols à bas coût des compagnies aériennes), 15 % le train… Et l’augmentation du nombre de croisiéristes génère à l’heure actuelle des émissions de GES et polluants significatives, alors que les croisières, malgré leur succès, restent un motif de séjour marginal. Au total, le tourisme régional représentait 11,7 millions de tonnes eqCO2 d’après l’ORECA.
Pour mieux évaluer la part réelle des émissions de GES du tourisme régional, il serait nécessaire d’actualiser les chiffres qui datent de 2010-2011.

Le tourisme est un secteur économique majeur dans la région avec 20 milliards d’euros de retombées économiques directes et indirectes.

Zoom 1. Guide méthodologique et outil pour la réalisation d’un bilan carbone

Marielle HERBADJI (ADEME)

Dans le cadre du plan Destination France5, le pilotage de mesures, dont celle visant à renforcer la durabilité du secteur touristique et inscrire les activités dans des démarches actives de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a été confié à l’ADEME à partir de 2022.
Plusieurs études sont prévues dans le cadre de cette mesure pour outiller les acteurs du tourisme :
1. actualisation du bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES) du tourisme en France : cette actualisation est prévue afin de constater les évolutions depuis le dernier exercice et mettre à jour les données de référence du secteur ;
2. élaboration d’un guide sectoriel BEGES tourisme & territoires : le projet vise à doter les Régions (conseils régionaux) d’éléments méthodologiques pour construire leur propre BEGES tourisme et d’un outil structurant pour la définition et le pilotage de politiques touristiques en faveur de la durabilité. Le guide et l’outil sont destinés aux Régions et, plus particulièrement, aux observatoires des comités régionaux du tourisme. D’autres guides sectoriels de ce type ont par ailleurs déjà été publiés par l’ADEME6.
Le guide sectoriel a pour objectif d’établir une méthodologie en vue de réaliser un bilan régional GES pour la filière du tourisme. Une expérimentation menée auprès de trois régions volontaires, sélectionnées par l’ADEME, permettra de présenter dans le guide les grandes tendances observées et donner une vision des principaux postes d’émissions de GES de la filière touristique. Le guide méthodologique intègrera également des exemples de mesures territoriales pertinentes afin que les acteurs régionaux puissent facilement passer à l’action à la suite d’un exercice de bilan GES.
L’outil développé : il facilite la mise en application de la méthodologie décrite dans le guide sectoriel. Chaque Région pourra intégrer ses données d’activité liées au tourisme dans l’outil afin d’établir son bilan GES. La construction de l’outil s’appuiera sur l’expérimentation, permettant notamment de vérifier la disponibilité des données régionales et départementales nécessaires, et d’arbitrer les cas particuliers où la donnée ne serait pas disponible, de tester l’intégration de jeux de données réels, et de s’assurer que l’outil prenne en compte les spécificités territoriales.
Le calendrier : les deux études (actualisation BEGES et élaboration du guide sectoriel) sont réalisées ou en cours de finalisation et les rapports seront publiés au second semestre 2024.

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