Le slow tourisme est un mouvement qui privilégie la découverte en profondeur d’un territoire et de ses acteurs, à un rythme lent. Pour certains publics, il offre une alternative à l’accumulation de visites et activités, et à la consommation passive souvent associées au tourisme de masse.
La crise de la Covid-19 a initié une certaine relocalisation des séjours touristiques, comme la crise écologique qui devient une interrogation prégnante même en temps de vacances. Donner un sens à ces dernières, ralentir, apprendre, contribuer à la vie locale ou encore expérimenter des pratiques alternatives souvent transposables à la vie quotidienne (transports doux, pratiques sensorielles, corporelles et alimentaires…) sont autant de motivations pour les amateurs du slow tourisme. Du côté des territoires et des professionnels, cette forme de tourisme est une approche séduisante car elle offre une « vraie » rencontre avec les visiteurs, valorise les savoir-faire et les patrimoines tant humains que naturels, lors de séjours souvent plus longs et à forte valeur ajoutée. Pour les territoires ruraux et de montagne, le slow tourisme est aussi un moyen de répondre aux enjeux climatiques et environnementaux, alors que le tourisme de masse est actuellement décrié et mis à l'épreuve de l’adaptation, de l’atténuation et de la diversification.
L’immersion est souvent un maître-mot pour les adeptes du slow tourisme. Elle peut se traduire par des activités décalées qui mettent les participants à contribution grâce aux sciences participatives ou à travers une « épreuve » consentie et mesurée, comme dormir dans un refuge ou en bivouac. Ce type d’expérience mêlant sobriété, partage (Photo 16) et acquisition de compétences et d’autonomie change le regard posé par le visiteur sur le territoire et la nature. L’immersion permet de dépasser la « nature-décor » et d’acculturer en profondeur les visiteurs aux réalités locales, répondant ainsi aux reproches souvent adressés par les habitants au tourisme de masse ou exclusivement sportif.
Pour éviter les écueils du tourisme de masse, il est nécessaire d’évaluer collectivement les impacts des séjours touristiques proposés (quid de la multiplication des bivouacs par exemple ?), d’échanger et de collaborer afin que les retombées économiques sur le territoire rural soient optimales sur le long terme.
Zoom 5. L’agritourisme, entre diversification des activités agricoles et tourisme à échelle humaine
L’agritourisme (ou agrotourisme) concerne les activités et la vente directe à la ferme, et les séjours immersifs dans les exploitations agricoles. Son principal intérêt est de permettre la visite des fermes, la rencontre avec les agriculteurs et éleveurs, la découverte de métiers parfois ancestraux, les modes de vie ruraux, les savoir-faire, les spécialités culinaires, les traditions et cultures locales, etc., et de favoriser les circuits (très) courts qui réduisent les émissions de GES. Cette pratique, bénéficiant d’aides financières régionales, nationales et européennes, grandit, mais elle est encore très minoritaire dans les exploitations agricoles.
Bienvenue à la ferme, marque des chambres d’agriculture, et Accueil paysan, association valorisant l’agriculture paysanne, sont les deux principaux réseaux nationaux qui orientent les touristes vers les sites d’accueil pour, par exemple, déguster et acheter des produits du terroir (fruits et légumes [Photo 17], huile d’olive, vin…) ou apprendre à fabriquer du fromage. Les fermes accueillent principalement des familles, des classes scolaires, mais aussi les curieux qui recherchent un tourisme alternatif, loin des sites surfréquentés.
Cette forme de tourisme offre, dans une majorité des cas, des tarifs raisonnables et procure jusqu’à la moitié des revenus des agriculteurs, à condition que ces derniers respectent la règlementation (accès handicapés, hygiène alimentaire…).
Cette diversification des activités pour les exploitants agricoles joue un rôle social et économique essentiel dans les territoires ruraux, et contribue souvent à la protection de l’environnement (agriculture biologique par exemple). Dans la région, les acteurs de l’agritourisme peuvent bénéficier de la marque Valeurs Parc naturel régional qui promeut les pratiques durables dans les parcs naturels régionaux.
Photo 17. Potager d’une ferme proposant un gîte (© Olives en Provence).