L'aquaculture, pratiquée actuellement dans la région (loups, daurades royales, moules, huîtres…) et ailleurs, ne répond pas au triple impératif de nourrir l'humanité, préserver le climat et la biodiversité, tout en garantissant la sécurité et la souveraineté alimentaire. L'innovation est cruciale pour développer des solutions durables et inclusives. Seule une vision écosystémique et durable de l'aquaculture, intégrant plusieurs ODD simultanément, permettra de protéger les océans et les mers, le climat, la biodiversité et les communautés locales. Sur ce principe est fondé le modèle de production d’aquaculture multitrophique28 intégrée terrestre, couplée aux principes de l’économie circulaire et placée au cœur des bassins de consommation.
L’aquaculture doit être régénératrice et réparatrice. En effet, elle dépend d’un système marin profondément vulnérable face au changement climatique, qui court aujourd’hui le double risque d’un effondrement écologique et d’une crise économique et alimentaire. En réponse à ce constat, la science doit développer des solutions innovantes, afin de permettre de réduire les impacts de nos systèmes de production et de consommation alimentaires. Les aliments utilisés pour nourrir les poissons d’élevage sont un domaine clé pour la recherche et la durabilité. Désormais, la science s’intéresse à l’élaboration d’aliments aquacoles alternatifs, composés de protéines d'insectes enrichies de microalgues et d’organismes marins. L’utilisation des insectes offre l'opportunité de développer une filière de valorisation de rejets agricoles et de déchets alimentaires. Cette bioconversion par les insectes rappelle l’importance des solutions inspirées du vivant. Des pistes de valorisation des sous-produits ou coproduits de pêche sont à l’étude. À l’heure où les systèmes alimentaires sont de plus en plus perturbés par le changement climatique et les crises à venir, contenir et valoriser des protéines, vitamines et micronutriments dans des boucles vertueuses locales s’avère essentiel.
L'impact carbone du secteur de l'aquaculture ne doit plus être ignoré : la pêche pour les farines des poissons ou la chaîne du froid pour la préparation, le transport et l’exportation. Le bilan carbone de la filière est très lourd et peut être atténué par une production à terre et locale. Il s’agit de remplacer la chaîne du froid par la chaîne du vivant. Les poissons devraient passer du bassin à l’étal du marché ou à l’assiette, en garantissant la fraîcheur et la traçabilité.
Chaque fois qu'un poisson sort de l'eau, il est conservé dans de la glace, qui est constituée de deux ressources si précieuses : l'eau et l'énergie. De plus, la science alerte sur les risques liés aux changements du milieu marin et d’événements météorologiques exceptionnels qui représentent des risques pour les productions offshores. L’avantage de ramener la production à terre pour limiter ces risques, mais également pour apporter des emplois accessibles de proximité, et plus particulièrement pour les femmes, est donc indéniable.
Enfin, pour accélérer cette transition du secteur, les programmes doivent être adaptés aux réalités des territoires et des communautés, afin de permettre la mise en œuvre de pratiques low-tech high efficiency (technologie simple, haute efficacité) réplicables. Une vision favorisant les petites unités de production à taille humaine, placées au plus près des bassins de consommation, connectées à des outils de suivi scientifique et technique, est aussi à privilégier. Les partenariats publics et privés multidisciplinaires joueront un rôle central dans l’atteinte de cet objectif. En effet, les collaborations entre les institutions, les organisations non gouvernementales (ONG), les universités et les entreprises ont montré toute leur efficacité dans l’accélération des innovations de rupture.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, première région française en matière de pisciculture de pleine mer, l’aquaculture peut devenir une pratique régénératrice et réparatrice, permettant de lutter contre le changement climatique et de protéger les écosystèmes marins, tout en proposant des emplois dignes conduisant à la sécurité et la souveraineté alimentaire pour tous à l’échelle locale. Élever plusieurs espèces en même temps dans des bassins, afin que les déchets d’une espèce servent de nourriture à une autre, et transformer ainsi les déchets en ressources.
Dans notre région, l’aquaculture peut devenir une pratique régénératrice et réparatrice.
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