À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les sports d’hiver ont été perçus comme le moyen de moderniser et développer les territoires de montagne. Cette politique étatique a permis à la France de faire partie du top 3 des destinations mondiales de sports d’hiver avec les États-Unis et l’Autriche. Cette réussite cache cependant une grande disparité entre les territoires puisque deux départements (Savoie et Haute-Savoie) représentent 63 % des journées-skieurs consommées en France (Indicateurs et analyses 2017, Domaines Skiables de France). Quant aux Alpes du Sud, elles pèsent pour 14 % de la fréquentation nationale. Cette logique de concentration est visible également à travers le type de station. Les très grandes et grandes stations regroupent à elles seules 78 % des journées-skieurs. Concernant les Alpes du Sud, le marché des sports d’hiver est porté par les grandes stations telles que Serre-Chevalier, Vars et Les Orres (Photo 16).
Le modèle économique de sports d’hiver demande des investissements lourds aux collectivités territoriales pour le maintien des remontées mécaniques (remplacement, maintenance). À ces engagements financiers viennent s’ajouter des technologies et des techniques coûteuses pour faire face aux aléas climatiques (neige de culture, travaux de pistes, damage…). Dans les Alpes du Sud, cette course à l’investissement fait peser un poids supplémentaire sur les finances des collectivités locales déjà en difficulté.
À cette problématique financière s’additionne, dans les Alpes du Sud, une variabilité interannuelle du climat entraînant un enneigement aléatoire, notamment en fin de saison. La rentabilité d’une station de sports d’hiver est assurée si son ouverture est supérieure à 100 jours par an. Aujourd’hui, cette durée n’est pas toujours garantie dans les Alpes du Sud (§8.1). La pression est donc très forte sur l’enneigement, mais également sur la ressource en eau.
Le marché des sports d’hiver est extrêmement concurrentiel du fait de la stagnation de la fréquentation. Les stations des Alpes du Sud sont éloignées des grandes voies de communication, ce qui décourage grandement les clientèles européennes, même si certaines stations renforcent leur publicité et leur communication à l’étranger.
Malgré ce contexte, les acteurs des stations de sports d’hiver des Alpes du Sud continuent de centrer leur activité autour de la neige. Le modèle souhaité est celui des Alpes du Nord et non un positionnement spécifique à leur territoire. En termes d’aménagement, la construction de lits neufs continue à se poursuivre dans plusieurs stations. La diversification de l’offre touristique reste à la marge, même si des efforts sont manifestes, et perçue comme un simple complément à l’activité ski.
La mise en place des espaces valléens dans les Alpes du Sud va permettre de repenser en profondeur l’offre touristique des territoires. Le nouveau visage des stations de sports d’hiver se dessinera et leur capacité à diversifier leur offre touristique en valorisant les ressources locales sera renforcée.
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