Au-delà des aspects éthiques et patrimoniaux qui peuvent justifier l’importance donnée à la préservation de la biodiversité, il est aujourd’hui bien établi que la biodiversité joue un rôle primordial pour une large gamme de fonctions et propriétés des écosystèmes qui rendent des services à l’humanité. La diversité des plantes par exemple assure des fonctions aussi variées que la production d’oxygène, la stabilisation des sols ou encore la protection contre les avalanches, fonctions qui contribuent à la régulation du climat, au contrôle de
l'érosion ou encore à la protection des infrastructures.
La notion de services écosystémiques a émergé suite à l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire en 2005. Si, depuis, le concept a évolué, il continue d’exprimer le fait que la nature contribue au bien-être de l’humanité (Figure 16) au travers de trois grandes catégories de services dits « d’approvisionnement » (exemple : production), de régulation (ex. : du climat) et socioculturels (ex. : valeur esthétique).
En montagne, la variabilité des conditions environnementales (sol, altitude, exposition, pente…) et l’action de l’homme ont favorisé une biodiversité riche et typée qui contribue fortement aux services écosystémiques assurés par les écosystèmes d’altitude. Si une seule espèce peut jouer un rôle majeur, c’est souvent la biodiversité dans son ensemble qui est fondamentale pour les services écosystémiques. Ce rôle de la biodiversité provient notamment de la complémentarité entre espèces, c’est-à-dire, la capacité des espèces à mieux remplir ensemble une fonction de l’écosystème plutôt que seules. Les exemples sont nombreux pour illustrer le rôle fondamental de la biodiversité : la diversité des systèmes racinaires permet d’assurer un meilleur contrôle de l’érosion des sols sur les fortes pentes et une meilleure régulation de l’infiltration de l’eau ; la diversité des arbres contribue significativement à l’effet barrière des forêts face à la chute de blocs ; la diversité des plantes herbacées en alpage joue un rôle majeur pour la qualité du fourrage pour les troupeaux… En montagne, le changement climatique, avec la hausse de la température moyenne, la fréquence et l’intensité des sécheresses, de l’exposition au gel, est susceptible de conduire à des changements importants au sein de la biodiversité : augmentation de la mortalité des individus, disparition ou remplacement d’espèces par exemple.
Ces impacts constituent autant d’effets indirects sur la qualité des services écosystémiques : les sécheresses peuvent entraîner des dépérissements d’arbres (§6.2) et ainsi fortement déprécier le rôle de protection des forêts ou encore favoriser des espèces avec une moindre qualité fourragère et réduire le service de production fourragère pour l’agriculture. Toutefois, préserver la biodiversité déjà présente est un atout pour mieux résister aux effets du changement climatique et maintenir la qualité des services écosystémiques. Une riche biodiversité peut souvent mieux résister, grâce à la complémentarité entre espèces, aux aléas climatiques et donc assurer le bon maintien des services écosystémiques. La biodiversité en montagne est un moyen pour assurer à la fois la qualité et la durabilité de ces derniers face au changement climatique.
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