3.Regard inter-massifs : quelle situation dans le Massif central ?

Le changement climatique a des effets sur l’ensemble de l’arc alpin, mais aussi à l’échelle de tous les massifs français. Pour illustrer la situation dans le Massif central, encourager le dialogue et la coopération inter-massifs, des résultats du projet AP3C sont présentés ici. Ce dernier a été lancé en 2015 avec pour ambition de produire des informations localisées pour une analyse fine des impacts du changement climatique sur le territoire, en vue d’adapter les systèmes de production du Massif central et de sensibiliser l’ensemble des acteurs. Il est animé par le Service InterDépartemental pour l’Animation du Massif central (SIDAM) avec les compétences de onze chambres départementales d’agriculture et de l’Institut de l’élevage.

Cette initiative est née de la volonté des acteurs du monde agricole d’anticiper les évolutions du climat. Elle combine une triple expertise climatique, agronomique et systémique.

Sur le volet climatique, des projections de paramètres climatiques à l’horizon 2050 ont été produites pour mieux évaluer les changements :

  • hausse de la température comprise entre 0,35 et 0,40°C sur 10 ans en moyenne annuelle, plus marquée au printemps avec 0,55°C sur 10 ans ;
  • augmentation de la variabilité des températures avec maintien du risque de gels tardifs de printemps ;
  • diminution sensible du nombre de jours de gel hivernal ;
  • maintien du cumul de pluviométrie annuel, mais modification de la distribution des pluies, avec un cumul en baisse au printemps et en hausse à l’automne ;
  • bilan hydrique dégradé, notamment sur les mois de printemps et d’été.

Sur le volet agronomique, l’objectif est de proposer de nouvelles pratiques à l’échelle parcellaire. Des indicateurs agroclimatiques sont fournis pour traduire l’information climatique en une information agronomique : date de dernière gelée de printemps, date de première gelée d’automne, échaudage, date de fauche…

Ces indicateurs montrent par exemple que la cinétique de pousse de l’herbe sera marquée par un cycle de végétation plus précoce avec une avancée plus marquée en altitude, un cycle de végétation plus court en plaine, des gels de printemps, des fortes chaleurs qui stopperont la pousse de l’herbe en été, des températures automnales favorables au développement des prairies… De nouvelles pratiques culturales s’opéreront. Les premiers apports d’azote, la date de mise à l’herbe et les dates de récolte seront plus précoces. Les fortes températures de l’été induiront un besoin d’affouragement. Le développement des mélanges variétaux est à prévoir, tout comme l’implantation de prairies sous couvert pour limiter l’évapotranspiration. Les agriculteurs opteront pour des variétés de prairies à fort enracinement ou optimisant la pousse printanière. Une modification de la diversité floristique dans les prairies naturelles est aussi à attendre.

La pousse des céréales sera marquée par une reprise de végétation plus précoce, un risque de gel au printemps et un échaudage en été. Les récoltes seront plus précoces qu’aujourd’hui. Pour limiter le risque de gel de printemps, les agriculteurs auront la possibilité de semer plus tard, d’opter pour des variétés à montaison tardive. En plaine, les choix s’orienteront vers des variétés plus précoces afin d’éviter les périodes d’échaudage. Des pistes ont aussi été identifiées pour le maïs. Des indicateurs agroclimatiques hydriques permettront d’affiner l’analyse.

Sur le volet systémique, c’est le fonctionnement du système d’exploitation dans son ensemble qui évoluera : augmentation du ratio stock/pâture, développement du pâturage tournant, déplacement des dates de vêlage, évolution des assolements, hausse des capacités de stockage…

Ainsi, l’adaptation au changement climatique fait appel à une grande diversité de leviers et nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs qui composent et entourent le monde agricole.

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