La montagne évoque à chacun de nous des images, des expériences, des sensations et des sentiments teintés de nuances et de couleurs : beauté, sommets, neige, ski, glaciers, froid, torrents, nature, espaces vierges, liberté, alpages, forêt, faune, flore, isolement, solitude, rudesse, dépassement de soi, risques, randonnée, air pur, ressourcement, contemplation, traditions, authenticité, ruralité, élevage… Nos découvertes, nos souvenirs, celles et ceux de nos proches, des conteurs et des aventuriers, mais aussi les vecteurs de communication, renforcent son caractère unique, son pouvoir d’attraction et de fascination.
Ces clichés qui traduisent une certaine réalité sont surtout partagés par la population urbaine des basses terres. Les montagnards savent que leur territoire est plus complexe, et qu’il est en grande partie façonné, abîmé ou protégé par les hommes.
La montagne est avant tout en mouvement. Les Alpes ne font pas exception. Les migrations, les passages et les convoitises ont ponctué l’histoire du massif alpin qui abrite une population qui vient en grande majorité d’ailleurs. Cette mixité fait la force de ce territoire et construit son identité au fil du temps au gré des rencontres, des ambitions, de la volonté de survivre, des désirs partagés, des convergences, mais aussi des divergences. Ainsi, contrairement aux idées reçues, la montagne bouge et se transforme en
permanence. Elle est un concentré d’activités (industrie, tourisme, agriculture, transport, sport, artisanat…), de projets et réalisations, d’innovations… Elle est un concentré de vie et fait partie de notre monde bouillonnant et actif.
Comme tous les territoires habités, la montagne contribue aux émissions de gaz à effet (GES) et donc au réchauffement climatique, mais à sa mesure. Cette dernière est modeste par rapport aux espaces urbains denses et surpeuplés des grandes métropoles réparties dans les différents pays du monde. Malgré cette faible contribution, elle subit un changement climatique plus rapide et marqué qu’en plaine. La température de l’air a d’ores et déjà augmenté de près de 2°C dans les Alpes du Sud par rapport à l’ère préindustrielle, alors que la hausse est d’environ 1°C à l’échelle mondiale.
Les effets du changement climatique sont perçus et/ou visibles depuis des décennies avec le recul (symbolique) des glaciers, un enneigement en basse et moyenne altitude moins abondant, même si certains hivers sont encore généreux, une période estivale plus marquée, le dépérissement du sapin, une phénologie des végétaux capricieuse… La montagne est témoin de ce bouleversement, et ce dernier pourrait avoir des effets irréversibles s’il se renforce encore. Hors causes naturelles, avec la croissance de la population mondiale, le climat des Alpes dépendra des émissions de GES des activités anthropiques qui tendront immanquablement à croître si de fortes actions d’atténuation ne sont pas entreprises de l’échelle globale à locale.
Pour mieux évaluer les impacts du changement climatique dans les Alpes du Sud, ce cahier thématique du Groupe régional d’experts du climat en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (GREC-SUD) propose un état des connaissances scientifiques récentes sur l’évolution du climat, les risques naturels, l’agriculture, la forêt, la biodiversité, l’économie et l’aménagement. L’objectif est d’informer et d’alerter les acteurs publics (décideurs, gestionnaires, collectivités…) et privés, et de les accompagner en proposant des premières pistes d’adaptation au changement climatique et d’atténuation des GES susceptibles d’être mises en place pour basculer définitivement dans la transition verte. Les Alpes du Sud, grâce au dynamisme et à la volonté de tous, est en mesure de devenir un territoire exemplaire et donc de prendre de l’avance sur son temps.
Sommaire du cahier