1.L’îlot de chaleur urbain en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Par P. CARREGA

La question de l’îlot de chaleur urbain (ICU) est complexe dans les détails, car cet excès de chaleur en ville par rapport à la campagne environnante n’est pas toujours d’origine urbaine. Il convient d’abord de définir le niveau de hauteur auquel on fait référence, ce qui évite les quiproquos, chaque niveau faisant, de plus, appel à des techniques de mesure différentes :

  • L’ICU de surface (toits, rues, parkings, etc.) est le domaine des télédétecteurs qui utilisent des thermographies infrarouges, mais il n’est qu’une température de surface, très différente de celle de l’air en général. Originalité méditerranéenne, il se distingue relativement peu en journée, surtout en été, de la campagne environnante composée de roches et végétation où l’évapotranspiration réelle est faible, d’autant que l’eau est rare en cette saison (ce qui pose le problème des « coulées vertes » censées rafraîchir l’air) ;
  • L’ICU de l’air ambiant, dans lequel évoluent les piétons, est celui mesuré sous abri dans des stations météorologiques très rares en ville où les conditions standard de mesures sont généralement inapplicables. Une approche efficace, à condition de tenir compte de la circulation automobile, est la mesure itinérante, permettant de pallier cette quasi absence de mesures fixes en ville. Elle doit cependant être faite à l’heure où l’évolution temporelle des températures (et humidités) est faible : fin de nuit et début d’après-midi ;
  • Enfin l’ICU de l’air au-dessus des toits, sur une épaisseur de 20 à 300 m environ, est le plus délicat à mesurer, faute d’instruments fixes. Le suivi instrumental des trajectoires de ballons plafonnants (ballons non déformables gonflés avec un mélange d’hélium et d’air et lestés pour se maintenir à un niveau constant prédéterminé de pression de l’atmosphère, de telle manière qu’ils font corps avec l’air qui les enveloppe) permet toutefois de décrire la circulation de l’air au-dessus de la ville, et de détecter les ICU, qui se manifestent par des ascendances thermiques. Le destin des polluants émis en ville est lié aux caractéristiques de cette masse d’air, qui les fait se diluer en altitude si l’air est ascendant et donc « instable », de jour en principe. Inversement, la stabilité de l’air concentre les polluants, sauf si le vent souffle.

Les plus grandes agglomérations de la région sont littorales et bénéficient de vents généraux fréquents à l’ouest du domaine (Mistral surtout), ou de vents thermiques locaux (brises de mer-terre), mais les mouvements pendulaires de ces brises thermiques recyclent l’air pollué...

L’ICU varie dans l’espace (il peut être fractionné) et dans le temps : il fait même place, surtout en été, le matin, à un îlot de fraîcheur, grâce à l’ombre des bâtiments retardant l’échauffement diurne, en particulier là où les rues sont étroites. L’intensité de l’ICU s’accroît durant l’après-midi et devient maximale en soirée et la nuit (figure 1).

Les ICU en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont d’une relativement faible intensité en règle générale, car le contraste entre substrats urbain et rural est modéré et parce que, dans les agglomérations littorales, le contact terre-mer et le relief proche exercent une influence tyrannique par rapport à l’interface ville/campagne. Ainsi, l’ICU peut être lié à la topographie plus qu’à la ville.

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