2.Les notions de risques liés au climat méditerranéen

Excepté les trois risques telluriques (volcans, séismes et tsunamis), tous les autres risques d’origine naturelle impliquent le climat et concernent fortement la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en particulier les risques liés à la sécheresse (incendies de forêt) ou à la pluie (inondations, glissements de terrain).

Le risque implique l’homme, non seulement comme victime, mais aussi comme acteur au moins partiel des évènements. Pour sa compréhension et donc sa prévision, il doit être analysé et découpé en composantes qui sont traditionnellement l’aléa et la vulnérabilité entre lesquels s’insère la susceptibilité, soit le potentiel de génération d’un événement.

Ainsi, l’inondation est déclenchée par un aléa, une pluie intense qui ruisselle ou s’infiltre dans le sol en fonction de la susceptibilité. Cette dernière dépend des caractéristiques pédologiques et géologiques qui vont définir la porosité du substrat, la valeur des pentes, la hiérarchisation des cours d’eau et le mode d’occupation du sol. Ce dernier peut être couvert de forêt (favorisant l’infiltration) ou, à l’inverse, totalement urbanisé. Il en résulte que le coefficient de ruissellement (déterminant l’eau s’évacuant en surface) varie selon les lieux, et qu’une même averse n’aura donc pas les mêmes effets. Ce coefficient varie aussi dans le temps puisque des pluies antérieures à une forte averse peuvent avoir saturé le sol, ce qui empêche l’infiltration… A ce niveau, on comprend bien que l’homme intervient déjà plus ou moins intensément, en particulier par le mode d’occupation du sol.

Le troisième volet est bien sûr la vulnérabilité qui concerne à la fois les enjeux (vies humaines, richesses de tous ordres) et l’ensemble des moyens mis en oeuvre pour protéger ces mêmes enjeux. Une crue survenant dans des champs n’aura pas grande conséquence. En revanche, les fortes densités de population sur son chemin sont autant de facteurs de risques.

Réussir à minimiser les conséquences d’un aléa consiste donc soit à apprendre à lutter contre lui, soit à l’empêcher de prendre une grande ampleur ou de se développer, soit à s’en protéger, soit encore à annoncer son arrivée. Ces actions se font à différentes échelles de temps allant du temps réel à des années d’anticipation.

Le court terme concerne la lutte, contre un feu de forêt par exemple, ou la mise en alerte, comme le système de vigilance de Météo-France, ou encore la détermination du risque météorologique de feu de forêt, quelques heures ou quelques dizaines d’heures à l’avance. Ces actions anticipées sont rendues possibles par la lecture et l’interprétation de modèles de prévisions, généralement déterministes, c’est-à- dire fondés sur les lois de la physique de l’atmosphère. Sur le très court terme, l’observation prime par l’intermédiaire des vigies, de la surveillance satellitale ou instrumentale (stations météorologiques), du radar pluviométrique… Il s’agit ici des systèmes d’alerte précoce (Zoom 1), comprenant différents volets, notamment celui qui permet d’alerter et de prendre des décisions immédiates : par exemple, la fermeture d’un tunnel routier submersible quelques minutes avant l’arrivée d’une puissante cellule orageuse, ou l’évacuation d’un terrain de camping à l’approche d’un incendie de forêt. On est ici dans l’anticipation de l’aléa avec la réalisation d’actions préventives.

ZOOM 1. Les différents volets des systèmes d’alerte précoce (SAP)

L’alerte précoce est « la fourniture d’informations en temps opportun et efficace, à travers des institutions identifiées, qui permet aux individus exposés à des dangers de prendre des mesures pour éviter ou réduire le risque et se préparer à une réponse efficace. Elle intègre ces quatre éléments :

  1. la connaissance du risque : l’évaluation du risque, donc une quantification de l’aléa, fournit des informations essentielles pour établir les priorités nécessaires à son atténuation, à l’élaboration de stratégies de prévention et à la conception du système d’alerte précoce ;
  2. la surveillance et la prévision : la surveillance et les capacités de prédiction fournissent des estimations rapides du risque potentiel des communautés, des économies et de l’environnement ;

  3. la diffusion de l’information : les systèmes de communication sont nécessaires pour délivrer des messages d’avertissement aux endroits potentiellement touchés pour alerter les agences gouvernementales locales et régionales. Les messages doivent être fiables, synthétiques et simples pour être compris par les autorités et le public ;

  4. la réponse : la coordination, la bonne gouvernance et les plans d’action appropriés constituent les points clés d’une alerte précoce efficace. De même, la sensibilisation et l’éducation du public sont des aspects essentiels de l’atténuation des catastrophes ».

Source : texte adapté de l’ONU, 2006, https://www.unisdr.org/2006/ppew/info-resources/ew...

Inversement, agir sur la susceptibilité ou la vulnérabilité peut prendre beaucoup de temps : le débroussaillement des forêts ou le curage des fossés et berges de rivières prend des semaines, par exemple. La planification, l’aménagement du territoire permettent de définir les secteurs particulièrement exposés où la construction sera soit interdite, soit soumise à certaines contraintes, comme le font les Plans de Prévention des Risques (PPR). L’éducation est à cet égard un instrument très utile puisqu’elle sensibilise et apprend à faire les bons gestes. L’échelle de temps est ici pluriannuelle. La réglementation est un facteur essentiel d’action sur la susceptibilité ou la vulnérabilité.

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