Le climat méditerranéen offre des avantages et des contraintes pour l’agriculture et la forêt, mais ses effets pénalisants augmentent déjà en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et cette tendance s’aggravera dans le futur selon le dernier rapport du GIEC. Il est donc nécessaire d’agir, réagir pour compenser les effets actuels du changement climatique, ou encore proagir par anticipation, tout en tenant compte des incertitudes qui sont malheureusement nombreuses. Adopter des stratégies de gestion adaptative qui s’appuient sur différentes formes d’innovation est aujourd’hui une priorité. Dans les politiques ou les actions d’adaptation, la notion de risque devient prégnante avec la conjugaison d’effets directs du climat et d’effets indirects liés, comme la pollution de l’air par exemple. Il est important d’y associer les pratiques agricoles et forestières qui jouent un rôle non négligeable.
Depuis 50 ans, le changement climatique avance régulièrement les dates de vendanges, même si l’évolution n’est pas linéaire avec la variabilité naturelle du climat. Il avance ou retarde ainsi les dates de floraison de certaines espèces fruitières selon les étages altitudinaux. Il en est de même pour les forêts en fonction des étages bioclimatiques. Mais la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se caractérise par une grande diversité des filières et des territoires, ce qui est une chance, même si la situation demeure préoccupante. Elle présente aussi des avantages par rapport à d’autres régions méditerranéennes, notamment en termes de ressources en eau et d’infrastructures hydrauliques. La pluralité des compétences locales déjà mobilisées pour explorer et promouvoir différentes formes d’innovation est remarquable. Des pratiques innovantes se développent en PACA pour garantir une bonne production en préservant le potentiel fonctionnel des écosystèmes. On peut citer l’agriculture de conservation, l’agroforesterie, l’agro-biodiversité fonctionnelle ou les nouveaux itinéraires de gestion de peuplements forestiers. L’innovation technologique se distingue avec la création variétale qui s’appuie sur des technologies de génotypage et de phénotypage à haut débit. L’innovation sociale est également à l’œuvre favorisant la réactivité des filières, comme l’approche participative qui vise un ajustement infra-annuel des pratiques culturales sur blé dur, ou l’élaboration de scénarios par et pour les acteurs de la riziculture camarguaise allant jusqu’à la proposition de mesures adaptatives, voire transformatives, ou encore les Alpages sentinelles qui permettent un apprentissage collectif de la dynamique des effets du changement climatique en montagne.
Soutenues par des politiques régionales et nationales, ces innovations reçoivent l’appui de structures d’encadrement, comme la chambre régionale d’agriculture, le réseau de conseil agricole pour la maîtrise de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre, les Communes forestières qui promeuvent des filières de chaufferies à bois en circuit court et la performance énergétique par l’utilisation du bois dans les constructions. Il est primordial de renforcer cette dynamique encore fragile, de multiplier, diversifier et partager les expériences dans une stratégie de gestion adaptative.
Face à ces défis, la recherche offre des clefs de lecture des observations empiriques et permet l’élaboration de scénarios pour anticiper les réponses des systèmes agricoles et forestiers, et proposer des pratiques innovantes expérimentales.
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