Le climat méditerranéen de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est sous l’influence du système climatique global qui a subi par le passé des fluctuations importantes dues à des causes naturelles. Depuis le début de l’ère industrielle, et plus particulièrement depuis la seconde moitié du 20e siècle, l’évolution naturelle du climat est perturbée par les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées aux activités anthropiques. En région PACA, ce bouleversement parfois très rapide, qui pose de sévères problèmes d’adaptation à l’homme et à la nature, se traduit principalement, ces dernières décennies, par une augmentation constante de la température de l’air, plus marquée sur les températures estivales. D’après les projections climatiques, l’été caniculaire de 2003 serait considéré comme frais par rapport à la température moyenne estivale à la fin du 21e siècle qui augmenterait de 7°C d’après le scénario socio-économique le plus pessimiste. Le climat annuel de Digne-les-Bains, ville des Préalpes, ressemblerait à celui de Bordeaux ou Split en Dalmatie selon les scénarios. Ce basculement réduirait également l’enneigement dans les Alpes du Sud qui est déjà caractérisé par une grande variabilité interannuelle. Le signal sur les précipitations est plus incertain que sur les températures, et il est difficile aujourd’hui de donner des tendances fiables, même si certaines se dessinent selon les saisons. Les incertitudes associées à la modélisation du climat qui est un système complexe ne doivent pas empêcher les décideurs et les gestionnaires de territoires d’anticiper les changements et de limiter leurs conséquences.

L’évolution du climat et en particulier les tendances induites sur les valeurs extrêmes des paramètres météorologiques auront des impacts sur la ressource en eau, l’agriculture, la biodiversité, la forêt, mais aussi le confort thermique dans les logements, et par conséquent, sur la demande énergétique (climatiseurs) ainsi que sur la santé des populations. Et même s’il reste de nombreuses incertitudes concernant l’ampleur du changement climatique, l’évolution et la variabilité du climat génèrent de nouvelles vulnérabilités, exacerbées dans les milieux urbains, souvent localisés en bordure littorale. Estimer ces vulnérabilités, les anticiper, les gérer sont des défis pour les scientifiques, mais aussi pour les gestionnaires qui doivent proposer des solutions adaptées à l’échelle locale afin de construire une ville plus soutenable.

Les risques associés au climat et à ses événements extrêmes d’aujourd’hui et de demain dépendront du changement climatique et de la probable variabilité croissante du climat, mais peut-être et surtout de notre faculté à les prévenir, les limiter, voire les marginaliser dans certains cas. En d’autres termes, la vulnérabilité des populations et des territoires dépendront du climat futur, de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques (inondations, sécheresses…), mais aussi des politiques locales (planification, aménagement du territoire…) et des moyens mis en oeuvre pour lutter contre le changement climatique. Ces politiques doivent encourager à la fois la réduction des émissions de gaz à effet de serre (atténuation) pour contribuer à l’effort mondial, et l’adaptation des activités économiques, des équipements… Les enjeux sont d’autant plus grands que les facteurs climatiques en région PACA sont parfois renforcés et/ou aggravés par les effets locaux (topographie, proximité de la mer…) propres au contexte géographique régional et local. Par des techniques de descente d’échelle qui permettent de cartographier à haute résolution spatiale les résultats des modèles climatiques régionaux, il est possible de déterminer les tendances dans les vallées alpines, sur le littoral, dans les villes, les quartiers urbains…

A partir des longues séries de données météorologiques, des connaissances scientifiques, de la modélisation climatique et des techniques de spatialisation actuelles, les experts du climat peuvent répondre aux demandes des décideurs et gestionnaires des territoires en produisant des indicateurs climatiques spécifiques, tout en évaluant l’enveloppe des incertitudes grâce à une approche multi-modèles. La science et le dialogue entre les institutions et les partenaires socio-économiques doivent être privilégiés pour protéger les biens et les personnes en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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